Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'industrie financière donnera jeudi le coup d'envoi des publications de résultats d'entreprises pour le troisième trimestre, aux Etats-Unis.

Ironie du sort, ce secteur, au travers de l'assurance, devrait représenter l'un des principaux freins à la croissance des bénéfices de "Corporate America". Il y a encore un mois, les analystes sondés par FactSet anticipaient une progression de 5%, en moyenne, des profits des sociétés composant l'indice S&P 500, pour la période de juillet à septembre. Aujourd'hui, ils ne tablent plus que sur une hausse de 2,8%, bien loin de celles de 14% et de 10,3% sur lesquelles les premier et deuxième trimestre s'étaient respectivement achevés.

Si les prévisions de résultats des entreprises américaines ont diminué de près de moitié en l'espace de quatre semaines, c'est en raison des catastrophes naturelles qui se sont abattues sur la Côte du Golfe des Etats-Unis à la fin de l'été. Celles-ci ont occasionné des dégâts humains et matériels dont les indemnisations grèveront les comptes des assureurs dès le troisième trimestre.

Au cours des quatre dernières semaines, les analystes interrogés par FactSet ont réduit de 6,3 milliards de dollars environ leurs estimations de résultats pour l'ensemble des sociétés du S&P 500. Le seul secteur de l'assurance représente 77% de cet abaissement. Chubb Limited (>> Chubb Ltd), American International Group (>> American International Group), Everest Re Group (>> Everest Re Group Ltd), XL Group (>> XL Group plc) et Allstate (>> The Allstate Corporation) ont chacun vu leur prévision de bénéfice pour le troisième trimestre chuter de plus de 50% au cours du mois écoulé. AIG a d'ailleurs estimé lundi soir entre 2,9 milliards et 3,1 milliards de dollars sa perte avant impôts liée aux catastrophes naturelles, pour le troisième trimestre.

Des coûts d'une centaine de milliards de dollars

"Les ouragans et autres catastrophes naturelles ont des conséquences négatives sur l'ensemble des secteurs d'activité mais l'assurance, comme les groupes de transport, se trouve en première ligne", souligne Sheraz Mian, responsable de la recherche chez Zacks Investment. Selon diverses estimations, l'ouragan Maria devrait avoir coûté au secteur de l'assurance entre 15 milliards et 85 milliards de dollars. Dans le cas de Harvey, la facture est estimé à au moins 10 milliards de dollars, et les coûts liés à Irma sont évalués à 32 milliards de dollars au minimum. Chacun des deux tremblements de terre au Mexique est susceptible d'avoir coûté plus de 1 milliard de dollars à l'industrie de l'assurance.

Au total, ces catastrophes naturelles ont dû générer pour les assureurs une addition comprise dans une large fourchette de 83 à 165 milliards de dollars. Les analystes de Morgan Stanley estiment donc que le secteur "pourrait accuser l'une des plus importantes pertes trimestrielles de son histoire" au troisième trimestre. Leurs confrères de JPMorgan évaluent de leur côté à 100 milliards de dollars le coût des récents ouragans pour l'industrie de l'assurance.

Les groupes américains spécialisés dans le dédommagement des victimes et l'assurance des biens immobiliers disposent toutefois de plus de 700 milliards de dollars de capital, nuance Morgan Stanley. De plus, le coût de ces catastrophes naturelles représente par définition une charge exceptionnelle pour les assureurs en particulier et pour "Corporate America" en général. La preuve, les analystes misent sur un retour de la croissance à deux chiffres des bénéfices des entreprises américaines dès le quatrième trimestre 2017, avec une hausse de 11,1% attendue en moyenne.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH