Cineworld chute lourdement lundi à la Bourse de Londres alors que le groupe va fermer au cours de la semaine toutes ses salles de cinéma au Royaume-Uni et aux États-Unis, une décision qui affectera jusqu'à 45.000 emplois dans l'avenir proche alors que le groupe s'efforce de survivre à l'impact de la crise sanitaire sur l'industrie cinématographique.

L'entreprise, numéro deux mondial du secteur, a indiqué que le report par les studios de cinéma de la sortie de films à gros budget tel que le nouveau James Bond ne lui laissait pas d'autre choix que de fermer ses 536 salles de cinéma Regal aux Etats-Unis et ses 127 salles Cineworld et Picturehouse au Royaume-Uni à partir du 8 octobre.

Cineworld, qui confirme ainsi des informations de Reuters et des médias britanniques parues ce week-end, a précisé lundi l'ampleur qu'aurait cette décision sur l'emploi, le chiffre des 45.000 incluant ses propres salariés mais aussi le personnel auxiliaire, notamment des nettoyeurs et des agents de sécurité.

Le groupe n'a pas donné de précisions sur la date de réouverture de ses cinémas.

"Cineworld continuera à suivre la situation de près et communiquera tout projet futur de reprise des opérations sur ces marchés au moment opportun", a déclaré le groupe.

Cineworld se fixe désormais comme principales priorités la réduction des coûts et la préservation des liquidités dont il dispose.

A la Bourse de Londres, le titre Cineworld chutait de 30% à la mi-journée, après avoir perdu jusqu'à plus de 60% en début de séance pour toucher un plus bas historique. Depuis le début de l'année, l'action s'est effondrée de plus de 87%.

SCÉNARIO CAUCHEMAR

L'industrie du divertissement a été l'une des plus touchées par les mesures de distanciation sociale et autres restrictions mises en oeuvre pour tenter d'endiguer la pandémie de coronavirus. La semaine dernière, Walt Disney a annoncé la suppression de 28.000 emplois, principalement dans ses parcs à thème aux Etats-Unis.

Cineworld avait rouvert ses salles en juillet dans la foulée de la levée des mesures de restriction prises au printemps, au plus fort de la pandémie de coronavirus. Mais le nouveau report du film consacré à James Bond "No Time To Die" et celui d'autres sorties, dont "Black Widow" de Marvel, a assombri les perspectives alors même que de nouvelles restrictions sont entrées en vigueur au Royaume-Uni face à la résurgence des cas de contamination au nouveau coronavirus.

"Sans ces nouvelles sorties, Cineworld ne peut pas proposer à ses clients des États-Unis et du Royaume-Uni (...) l'éventail de films commerciaux forts nécessaire pour qu'ils envisagent de revenir dans les salles de cinéma", a expliqué le groupe.

Les studios de cinéma ont diffusé certaines de leurs superproductions prévues cette année sur des plate-formes telles que Netflix ou Disney Plus, tout en en reportant d'autres jusqu'à l'année prochaine en raison de la crise sanitaire.

"Si le retard de la dernière superproduction de 007 a motivé la décision, Bond n'est pas le méchant dans cette histoire", observe Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

"La propagation du COVID-19 dans le monde entier a été un film d'horreur pour l'industrie et la nouvelle vague d'infections est le dernier épisode en date de ce qui a été une histoire dévastatrice pour les chaînes de cinéma".

(Muvija M et Yadarisa Shabong, version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)

par Muvija M et Yadarisa Shabong