Zurich (awp) - Le chimiste bâlois Clariant a vu ses recettes reculer au premier semestre, mais a nettement amélioré sa rentabilité après avoir effectué l'année dernière des provisions pour une enquête cartellaire de l'Union européenne. La direction est prudente pour les prochains mois et pourrait bientôt annoncer l'arrivée d'un nouveau directeur général.

"Nos activités poursuivies ont été particulièrement résistantes et ont affiché une solide performance", a affirmé jeudi le patron par intérim Hariolf Kottmann. Le groupe va continuer son processus de transformation, entamé l'année dernière avec la cession de plusieurs unités, a-t-il insisté dans un communiqué.

Entre janvier et fin juin, le chiffre d'affaires des activités poursuivies est ressorti en baisse de 13%, ou -5% hors effets de changes, à 1,95 milliard de francs suisses en raison d'une demande plus faible, a indiqué Clariant.

Le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie sont restées robustes, la Chine et l'Asie du sud-est affichant même "une solide croissance". Les ventes ont également augmenté en Amérique latine en monnaies locales, alors que l'Europe et l'Amérique du Nord ont subi un ralentissement dans toutes les domaines.

Par activités, la division Care Chemical a vu ses ventes décliner de 14%, ou de 6% hors effet de changes, alors que Catalysis a enregistré une baisse de 9% (-4%). Les recettes de Natural Resources ont baissé de 14% (-5%).

Au niveau de la rentabilité, le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a été quasiment triplé sur un an à 292 millions de francs suisses. La base de comparaison est cependant biaisée, en raison de provisions de 231 millions effectuées au premier semestre 2019 à cause d'une enquête cartellaire de la Commission européenne.

Ajusté de cet effet, l'Ebitda ressort en baisse de 13% à 309 millions de francs suisses. Ce même effet avait fait plonger le résultat net de Clariant un an plus tôt à -101 millions. Sur les six premiers mois de 2020, le groupe a dégagé un bénéfice net de 90 millions.

Les autorités européennes avaient au final infligé mi-juillet une amende de 155,8 millions d'euros (environ 167,4 millions de francs suisses) à Clariant.

Le chimiste rhénan a légèrement dépassé les attentes des analystes à tous les niveaux.

600 postes en moins

Face aux conséquences de la pandémie de coronavirus, Clariant a relancé son programme de réduction des coûts qui prévoit notamment la suppression d'environ 600 postes et des économies de 50 millions de francs suisses sur les deux prochaines années. Dans ce contexte, Clariant a inscrit une charge financière de 58 millions de francs suisses.

Les suppressions de postes auront essentiellement lieu dans les unités d'affaires au niveau mondial, et non dans les services ou au siège du groupe. La Suisse sera impactée à hauteur de 15 à 16 réductions de postes.

La direction a averti que le troisième trimestre sera également impacté par le Covid-19, mais le groupe poursuit la restructuration de ses activités.

Début juillet, Clariant avait finalisé la vente de sa division Masterbatches (mélanges-maîtres) à l'américain Polyone pour 1,56 milliard de dollars. Les actionnaires percevront à ce titre un dividende extraordinaire de 3 francs suisses par action.

L'activité avec les pigments est la dernière unité mise en vente, Clariant ne comptant conserver que ses activités à forte valeur ajoutée Care Chemicals, Catalysis et Natural Resources.

Concernant les perspectives, le groupe est resté vague. Les répercussions économiques se sont fait ressentir à partir de mai et se renforceront d'ici septembre, a détaillé le directeur général par intérim.

Une fin d'année "pas terrible"

"Restera à voir l'étendue du repli, mais ça ne sera pas un désastre ou une catastrophe. Il n'y aura toutefois pas de rebond au troisième trimestre", a poursuivi M. Kottmann lors d'une conférence de presse téléphonique.

Ce dernier n'a pas été en mesure de formuler des estimations pour le quatrième trimestre, disant toutefois que le dernier partiel "ne devrait pas être terrible".

"L'année 2020 sera nettement marquée par la pandémie et le chiffre d'affaires ainsi que la rentabilité vont reculer", a pronostiqué M. Kottmann, sans dévoiler de détail.

Les objectifs à moyen terme restent inchangés. Les activités poursuivies doivent ainsi croître plus rapidement que le marché et la rentabilité doit augmenter, tout comme les flux de trésorerie.

Quant au recrutement d'un nouveau directeur général, M. Kottmann a souligné que la recherche avait été interrompue par la pandémie de Covid-19, mais se poursuivait dorénavant. Une annonce à ce sujet pourrait être faite d'ici deux à trois mois, a précisé la patron par intérim lors d'une conférence avec les analystes.

Ces nouvelles ont dans un premier temps rassuré les investisseurs, avant que le titre ne périclite avec le marché. Après un plus haut à 18,23 francs suisses en fin de matinée, la nominative s'est affaissée dans l'après-midi et se négociait à 16h35 en baisse de 1,4% à 17,62 francs suisses. L'indice SLI reculait parallèlement de 2,22%.

al/lk