FRANCFORT/MILAN (dpa-AFX) - Unicredit progresse dans son projet de rachat de Commerzbank : selon les Italiens, le régulateur bancaire de la Banque centrale européenne (BCE) ne s'oppose pas à ce que la grande banque milanaise augmente sa participation dans le groupe Dax à un peu moins de 30%. La BCE a déclaré vendredi que la décision avait été communiquée à Unicredit. La communication publique est du ressort de la banque.

La BCE examine les investisseurs qui souhaitent détenir dix pour cent ou plus d'une banque afin de s'assurer qu'ils sont des actionnaires appropriés.

L'Office fédéral des cartels examine également l'entrée d'Unicredit dans le capital de la banque

L'Office fédéral des cartels garde également un œil sur le processus : Fin février, Unicredit a notifié à l'autorité de la concurrence de Bonn l'acquisition d'une part de Commerzbank pouvant aller jusqu'à 29,99 pour cent pour examen.

En septembre, Unicredit avait profité de la sortie partielle de l'Etat fédéral de la Commerzbank, partiellement nationalisée depuis la crise financière de 2008/2009, pour entrer à grande échelle dans le capital de la deuxième banque privée d'Allemagne.

Selon les dernières données, l'établissement financier milanais contrôle un peu plus de 28 pour cent des actions : 9,5 pour cent directement par le biais d'actions et 18,5 pour cent par le biais d'instruments financiers. Unicredit a expliqué que d'autres autorisations des autorités de surveillance, comme l'Office fédéral des cartels, étaient nécessaires avant de pouvoir convertir ces dernières en participation directe.

Des discussions annoncées avec le nouveau gouvernement fédéral

Le président d'Unicredit, Andrea Orcel, travaille depuis des mois à la reprise de la Commerzbank. A partir d'une participation de 30%, Unicredit serait obligé de faire une offre d'achat aux autres actionnaires de Commerzbank.

Unicredit a toutefois précisé qu'il ne serait pas possible de décider cette année si Unicredit souhaite vraiment s'associer à Commerzbank : "Les procédures antitrust, les discussions avec les principales parties prenantes et d'autres considérations prolongent encore le calendrier". L'entreprise attend également la possibilité "d'entamer un dialogue constructif avec le nouveau gouvernement fédéral dès qu'il sera en place".

Suite au sauvetage de la Commerzbank lors de la crise financière de 2008/2009, l'Etat fédéral détient encore une participation d'un peu plus de 12% dans l'établissement, financée par des milliards d'euros d'impôts. Des voix critiques se sont élevées au sein de la classe politique fédérale et régionale pour critiquer l'action d'Unicredit.

Vives résistances au sein de la Commerzbank

La Commerzbank elle-même qualifie la démarche d'Orcel d'"hostile". Le président du comité d'entreprise et du groupe, Sascha Uebel, veut opposer la plus grande résistance possible et a annoncé : "Nous rendons le chemin qu'Orcel doit emprunter dans la lutte avec nous aussi boueux et profond que possible", a-t-il récemment déclaré à l'agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur.

Le directeur d'Unicredit, quant à lui, a rarement manqué une occasion de vanter les mérites d'une fusion entre les deux établissements et de souligner le potentiel inexploité de la Commerzbank.

Mi-février, deux jours avant que la présidente de la Commerzbank, Bettina Orlopp, ne présente sa stratégie pour les années jusqu'en 2028, Unicredit a posé quelques questions provocantes dans une présentation de son propre bilan, notamment : "Les nouveaux objectifs sont-ils réalistes - surtout si l'on considère que les objectifs précédents n'ont pas été atteints - ou reposent-ils sur des hypothèses trop optimistes et sur la pression pour repousser une offre potentielle ?"

Orlopp a rétorqué que Commerzbank avait des "réponses claires" à toutes les questions de son concurrent italien sur sa stratégie. La présidente de Commerzbank a également souligné que tant qu'il n'y aurait pas d'offre de rachat, Unicredit serait traitée comme n'importe quel autre investisseur.

Augmentation du dividende et suppression d'emplois coûteux

Pendant ce temps, la Commerzbank promeut auprès de ses actionnaires l'indépendance de l'établissement, qui est notamment un partenaire important pour de nombreuses PME en Allemagne, en augmentant son dividende et en fixant des objectifs de rendement plus ambitieux.

La Commerzbank veut également devenir plus rentable en supprimant des postes coûteux : Malgré un bénéfice record l'année dernière, l'établissement a récemment annoncé la suppression d'environ 3900 emplois à temps plein d'ici fin 2027, principalement en Allemagne. Comme dans le même temps des postes seront créés chez mBank en Pologne et sur des sites à bas salaires en Asie, par exemple en Malaisie, les effectifs du groupe devraient rester globalement constants à 36 700 équivalents temps plein dans le monde.