Nouvelle semaine très volatile pour les places financières, qui pâtissent des craintes de resserrement monétaire, alors que l'inflation devrait persister dans le temps, d'autant plus avec l'envolée des prix de l'énergie. La BCE, bien que préoccupée par l'inflation galopante, a laissé ses taux inchangés tandis que la Banque d'Angleterre a procédé à un relèvement de 25 points de base. Suite au rapport mensuel sur l'emploi américain, la Fed ne devrait pas échapper à une hausse de taux en mars, laissant probablement présager d'une volatilité toujours importante sur les indices dans les semaines à venir.
Variations hebdomadaires*
CAC 40
6951  -0.21%Graphique
STOXX EUROPE 600
462.15  -0.73%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
4483.57  +1.17%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
27439.99  +2.70%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1806.63$  +0.96%
Graphique GOLD
LONDON BRENT OIL
93.41  +2.70%
Graphique LONDON BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.15$  +2.67%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine
  • TeamViewer (+23%) : dans un contexte difficile pour le secteur technologique et les valeurs "covid", le groupe est parvenu à rassurer avec ses résultats annuels, après une série de déceptions sur ses publications. Le fait d'avoir annoncé un très gros programme de rachat d'actions, 300 M€, n'est pas étranger non plus à la performance boursière.
  • UPS (+15%) : le logisticien américain a surpris le marché avec des résultats trimestriels solides. Suite à la publication, les analystes ont révisé en hausse leurs anticipations et fait passer l'objectif de cours moyen de 230 à 241 USD.
  • AMD (+14%) : le numéro deux américain des processeurs pour ordinateurs fait aussi partie des bonnes surprises de la semaine avec des bénéfices en nette hausse sur le T4 et des prévisions au beau fixe, largement au-delà des attentes.
  • Commerzbank (+13%) : la deuxième banque allemande reste aux avant-postes, profitant d'un appétit retrouvé des investisseurs pour le secteur financier, dans un contexte de hausse de taux. Le groupe publiera ses résultats 2021 le 17 février.
  • UBS Group (+10%) : pendant que sa rivale Crédit Suisse fait grise mine, la banque aux trois clefs séduit avec 7,5 Mds$ de bénéfices annuels, en hausse de 14%, malgré le contentieux pénal français. Les objectifs ont été relevés.
  • Saipem (-37%) : le groupe d'ingénierie italien, spécialiste des marchés de l'énergie, a lancé lundi un sévère avertissement sur ses résultats futurs, à cause du dérapage incontrôlé de certains contrats. Comme l'entreprise ne brille pas par la solidité de son bilan, l'effet a été dévastateur sur le cours de bourse.
  • PayPal (-24%) : la mère de toutes les fintechs a du mal à passer le cap de l'âge adulte. Ses prévisions ont déçu les investisseurs et les analystes s'en sont donné à coeur joie sur un dossier très consensuel à l'achat, jusque-là.
  • Meta Platforms (-21%) : dans l'univers des grosses technologiques américaines, l'ex-Facebook est clairement le vilain petit canard du moment. Ses prévisions trop prudentes et un environnement concurrentiel de plus en plus féroce ont fait exploser le titre, qui a perdu 200 Mds$ de capitalisation sur la seule journée de jeudi.
  • Casino (-14%) : le distributeur français a averti que ses résultats ne seront pas à la hauteur des attentes. Une déception de plus pour ce dossier très fragile, qui peine à stabiliser sa situation financière, tandis que celle de sa cascade de holdings reste précaire.
  • Hapag-Lloyd (-12%) : les résultats records de l'année 2021, dopés aux tarifs du fret maritime, n'ont pas totalement convaincu. Les investisseurs craignent le retour à des conditions plus normales, qui remettraient en lumière la cyclicité de l'activité.
Matières premières
Et de sept ! Les marchés pétroliers enchaînent leur septième semaine de hausse consécutive et progressent désormais de plus de 15% depuis le premier janvier 2022. Rien ne semble pouvoir faire redescendre cette pression haussière qui pousse désormais les spéculateurs à ouvrir des positions longues sur des contrats futures avec un prix de livraison à 100 USD, voire 125 USD à échéance décembre 2022. Autrement dit, de nombreux investisseurs entrevoient un baril de pétrole supérieur à 100 USD cette année. Du côté des catalyseurs à court terme, l'événement de la semaine fut évidemment la réunion de l'OPEP+, qui a finalement offert peu de répit au marché. L'organisation élargie a effectivement programmé une nouvelle augmentation de 400.000 barils par jour pour le mois de mars, mais les opérateurs peinent à accorder du crédit à cet effort en raison des difficultés de l'OPEP+ à respecter ses engagements en matière de production supplémentaire. Le Brent se négocie à 93.4 USD contre 92.6 USD pour la référence américaine, le WTI.

L'or a repris un peu de hauteur cette semaine à 1805 USD, sans toutefois faire d'étincelle, malgré la hausse de la volatilité sur les marchés actions, qui auraient pu inciter les investisseurs à se réfugier sur des actifs refuges. La hausse hebdomadaire est davantage liée à la baisse du billet vert, qui rend l'once d'or plus attractive pour les investisseurs « internationaux ». L'argent a fait du surplace à 22.5 USD l'once. Du côté des métaux industriels, il ne s'est rien passé de bien palpitant cette semaine en raison de l'absence des négociants chinois qui désertent le marché pour le Nouvel An lunaire. A ce titre, les volumes d'échange et les variations sont restés étroits. Relevons tout de même la détente sur les prix de l'aluminium, qui se stabilisent au-dessus de 3000 USD, grâce à l'augmentation des livraisons de gaz russe vers l'Europe, ce qui atténue la pression sur les fonderies européennes.

Du côté des soft commodities, les prix du blé et du maïs ont reculé à Chicago à respectivement 619 et 777 cents le boisseau. Le cacao a, en revanche, poursuivi sa marche en avant à 2634 USD la tonne, une hausse alimentée par une demande robuste tandis que l'offre reste comprimée par les perspectives d'une récolte modeste en Côte d'Ivoire du fait d'une météo anormalement sèche.
Graphique Matières Premières
Macroéconomie
Les financiers s'attendaient à des mouvements sur les devises et les marchés obligataires avec la réunion de la banque centrale américaine la dernière semaine de janvier. Mais c'est finalement la Banque centrale européenne qui aura réveillé tout ce petit monde le 3 février. Après la publication d'un communiqué assez convenu, Christine Lagarde a guidé les marchés sur une approche plus agressive de la banque en matière de lutte contre l'inflation. Elle a notamment refusé d'écarter le recours à une hausse de taux cette année, en contradiction avec ce qui avait été martelé jusque-là. L'euro a fort logiquement pris la pente ascendante, jusqu'à 1,1470 USD actuellement. Même situation contre le franc suisse, à 1,0569 CHF.

Côté obligations d'Etat, la sorte de stérilisation des écarts entre T-Bond et dette européenne a été mise à mal par la fermeté de la BCE, mais les chiffres de l'emploi US (voir ci-après) ont contribué à atténuer le décalage. L'obligation d'Etat US à 10 ans offre un rendement de 1,91% (vs 1,84% la semaine dernière), et le Bund s'affiche désormais à 0,20% (vs -0,02% il y a une semaine). L'OAT française bondit de 26 points dans l'intervalle, à -0,65%.

La statistique la plus attendue de la semaine, les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis en janvier, a accouché d'un verdict difficile à analyser : les créations de postes ont été bien plus vigoureuses que prévu mais le taux de chômage a légèrement progressé. Quant au salaire horaire, il a poursuivi son ascension de 0,7% sur le mois et de 5,7% sur un an. Les marchés y ont vu une confirmation que la Fed allait devoir agir rapidement sur les taux.

De son côté, le marché des crypto-monnaies ne parvient toujours pas à s'extirper de son passage à vide entamé il y a maintenant presque trois mois. Dans le sillage des indices boursiers, le bitcoin ne sort pas encore la tête de l'eau et reste à l'équilibre sur une semaine avec un cours gravitant autour des 37 000$, à l'heure où nous écrivons ces lignes. Alors qu'historiquement, la devise numérique était relativement décorrélée de la bourse, ces dernières semaines ont prouvé que sa résilience face aux chutes du Nasdaq et du S&P 500 s'amenuise de jour en jour. Le bitcoin atteint même des records historiques de corrélation positive avec Wall Street. Tendance passagère ou dynamique durable ? Révélation dans les prochaines semaines.

Sur l'agenda macroéconomique de la semaine prochaine, avis de calme jusqu'à jeudi et la publication de l'inflation de janvier aux Etats-Unis, estimée à 0,5% sur le mois, comme ce fut le cas en décembre. La décrue annuelle va-t-elle démarrer alors que les prix ont flambé de 7% sur un an en décembre ?
Graphique de Cours
Les faucons se pavanent
Christine Lagarde suit le mouvement général impulsé par la FED, du moins dans l'ambiguïté du discours. La BCE n'écarte plus l'idée de relever ses taux cette année, alors que cela était encore tabou il y a peu. L'inflation européenne (5,1%) est certes inférieure à l'inflation américaine, mais n'est pas sous contrôle pour autant. En attendant, ça vacille pas mal au pays des cowboys. Le marché est capricieux et ne fait aucun cadeau. Il n'y a qu'à voir les réactions suite aux publications des géants de la tech comme Meta (-26%), Paypal (-25%) ou Netflix la semaine dernière (-22%). A l'inverse, Alphabet et Amazon ont surpris à la hausse et sont récompensés par le marché (respectivement +8% et +11%). Un marché qui ne sait pas sur quel pied danser, oscillant avec beaucoup de volatilité entre une panique extrême et une euphorie tout aussi perturbante. L'investisseur particulier est, peut-être contrairement à ce qu'il croit, en bonne posture puisqu'il peut justement choisir de profiter de ces mouvements aberrants à la hausse comme à la baisse, ou au contraire, rester sur la touche en attendant que le marché prenne une direction claire. Bon weekend à tous les investisseurs.
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*Les variations hebdomadaires des indices et des actions affichés sur le tableau de bord concernent la période du lundi à l'ouverture des marchés respectifs au vendredi à l'heure d'envoi de cette newsletter.
Les variations hebdomadaires des matières premières, métaux précieux et devises affichés sur le tableau de bord concernent une période sur 7 jours glissants du vendredi au vendredi jusqu'à l'envoi de cette newsletter. Ces actifs continuent de coter les weekends.