Les autorités de surveillance européennes soutiennent depuis longtemps l'idée d'un plus grand nombre de rapprochements - à l'intérieur des pays et entre les pays - car des prêteurs moins nombreux et plus forts devraient stimuler l'économie et permettre aux banques de la zone euro de mieux faire face à leurs rivaux plus importants des États-Unis et d'Asie.
Pourtant, les grands accords bancaires sont rares en Europe depuis la crise financière mondiale de 2008-2009, la plupart ayant été conclus par nécessité après que des rapprochements antérieurs aient entraîné des pertes et des renflouements.
UNE CERTAINE CONCENTRATION
La concentration du secteur bancaire, mesurée par la part des actifs bancaires détenus par les cinq plus grands établissements de crédit, varie considérablement au sein de l'Union européenne.
L'Allemagne est l'un des pays les plus fragmentés, avec des centaines de banques à côté des deux grands prêteurs cotés en bourse, la Deutsche Bank et la Commerzbank, comme le montrent les données de la banque centrale.
À l'autre extrémité de la fourchette, on trouve la Grèce, Chypre et les États baltes, selon les données de la Banque centrale européenne analysées par Reuters.
Plusieurs de ces pays ont également connu la plus forte augmentation de la concentration au cours de la dernière décennie, les crises financières ayant contraint les prêteurs à acquérir des rivaux plus faibles.
En Espagne, où la part de 69 % des actifs bancaires détenus par les cinq premiers établissements de crédit est proche de la moyenne de la zone euro, le nombre de banques est passé de 55 avant la crise financière mondiale à 10.
GRANDES ET FRAGMENTÉES
La concentration par pays est, en moyenne, plus élevée qu'aux États-Unis, où la part des actifs des cinq plus grandes banques était de 50 % en 2021, selon les données de la Federal Reserve Bank of St Louis.
Mais la fragmentation est beaucoup plus importante dans certains pays de la zone euro, en particulier dans les économies les plus grandes et les plus riches comme la France et l'Allemagne, selon les données de la BCE.
Ce sont ces pays qui ont connu le moins de consolidation au cours de la dernière décennie.
Les obstacles aux opérations transfrontalières sont encore plus importants et comprennent des réglementations et des lois du travail différentes, l'absence d'un système d'assurance des dépôts à l'échelle de la zone euro et la politique.
Les dirigeants du secteur bancaire affirment que sans une union bancaire à l'échelle européenne, qui permettrait aux prêteurs de déplacer librement leurs ressources, les transactions transfrontalières sont peu probables.
Tout rachat de la Commerzbank par UniCredit devrait surmonter ces obstacles, même si la présence de la banque italienne en Allemagne, grâce à sa participation dans HVB, pourrait faciliter les choses.
EN CAS D'URGENCE
Les grandes fusions bancaires récentes en Europe ont pour la plupart été conclues dans des situations d'urgence.
L'année dernière, UBS a racheté Credit Suisse après que le gouvernement suisse a orchestré une opération visant à protéger le système financier dans son ensemble.
Si elle aboutit, l'opération hostile de 12,23 milliards d'euros (13,12 milliards de dollars) de BBVA sur Sabadell serait l'une des plus importantes opérations bancaires européennes de ces 15 dernières années.
(1 dollar = 0,9320 euro)