Paris (awp/afp) - "La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre. C'est un grand soulagement, c'est beaucoup de joie", s'écrie le directeur de l'Office du tourisme de l'Alpe d'Huez, saluant comme nombre d'acteurs de la montagne le retour des vacanciers britanniques annoncé par le gouvernement.

Dès vendredi, "les personnes vaccinées venant du Royaume-Uni n'auront plus à produire de motif impérieux" pour venir en France, a annoncé jeudi matin le ministre français délégué chargé du Tourisme et des PME, Jean-Baptiste Lemoyne, sur TV5 Monde.

Les mesures de contrôle sanitaire aux frontières décidées en décembre pour les voyageurs vaccinés en provenance du Royaume-Uni, pour cause de flambée épidémique dans le pays, sont allégées: le "motif impérieux" interdisant les déplacements de loisirs disparaît, comme la période d'isolement de 48 heures. Seul un test négatif (PCR ou test antigénique) de moins de 24 heures est requis pour venir en France.

"La nouvelle s'est répandue dans la station comme une traînée de poudre. Pour nous, c'est un grand soulagement, c'est beaucoup de joie", dit à l'AFP François Badjily, directeur de l'Office du tourisme de l'Alpe d'Huez.

Dans la station, "un client sur deux est étranger et la moitié des étrangers sont des Britanniques, soit un quart de notre clientèle. Mais cela représente beaucoup plus en termes de chiffre d'affaires: leur panier moyen est supérieur à celui de nos concitoyens", précise-t-il.

Après d'excellentes vacances de Noël, les dix jours suivants la venue de "Belges, de Néerlandais, de Danois qui étaient encore en vacances, avait amorti un peu le choc" de l'absence des Britanniques, selon M. Badjily.

"On est très contents et très satisfaits des décisions prises", a réagi Gilles Delaruelle, directeur général de Courchevel Tourisme. "On s'attend à une vague de réservations importantes pour février et mars".

"C'est une très très bonne nouvelle pour toutes les grandes stations alpines comme Val d'Isère, Val Thorens, La Plagne, Les Arcs" renchérit Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé français Protourisme auprès de l'AFP, chiffrant à "près d'un milliard d'euros" les retombées économiques des Britanniques pour la montagne française l'hiver.

De leur côté, "les domaines skiables français sont ravis des annonces" permettant "le retour dès demain de la clientèle anglaise" qui "constitue le premier contingent de skieurs étrangers en France", souligne Alexandre Maulin, président des Domaines skiables de France (DSF).

Réservations en suspens

Quant à la Compagnie des Alpes, qui gère Tignes, Val d'Isère, les Arcs..., elle va pouvoir "lancer enfin" sa ligne ferroviaire "Travelski Express" entre Londres et ses stations, dont "le premier train est déjà programmé au départ de Londres St-Pancras, le 28 janvier", annonce-t-elle à l'AFP.

S'ils représentent 15% de la clientèle des stations de ski comme l'a rappelé M. Lemoyne, c'est parfois bien davantage au niveau local: c'est 42% de celle de Val d'Isère, et dans les deux Savoie, les Britanniques représentent quatre clients étrangers sur dix et environ 36% des nuitées, selon Protourisme.

"Certains hôtels sont tombés de 90% à 20% d'occupation à Noël", souligne M. Arino. Nombre de clients n'avaient pas annulé, laissant leur réservation en suspens, ce qui "permettra de rattraper une partie" de l'activité perdue.

A l'heure actuelle, les stations de ski françaises accusent une baisse de réservations globale de 8% comparé à 2019, précise Protourisme, mais la situation est contrastée, entre un recul de 14% dans les Alpes et un bond de 12% dans les Pyrénées.

Côté britannique, les professionnels se réjouissent aussi : "C'est un gros soulagement pour les clients qui avaient réservé leurs vacances", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'association britannique des tours operators ABTA.

De son côté, Chris Logan, directeur général de l'agence de voyages spécialisée Crystal Ski, observait "un nombre de réservations en France qui avait doublé dès mercredi".

La compagnie Eurostar s'est dite "prête à accueillir davantage de passagers" dans ses trains.

Un "motif impérieux" reste imposé aux Britanniques non-vaccinés pour venir en France.

afp/rp