Zurich (awp) - Le salon horloger Watches and Wonders ouvrira ses portes lundi à Genève sur fond de demande soutenue pour les garde-temps helvétiques haut de gamme. Les incertitudes liées aux turbulences observées au niveau des marchés financiers et la vitesse à laquelle la consommation chinoise reprendra après la pandémie de coronavirus jettent cependant quelques zones d'ombres sur une industrie qui a su, en grande partie, faire fi de la flambée de l'inflation et de la guerre en Ukraine.

Profitant de la venue à Genève de milliers de visiteurs à cette manifestation - qui regroupe les grandes marques horlogères emblématiques du secteur telles que Rolex, Patek Philippe, Cartier, Tag Heuer - de plus petites maisons avec des moyens plus modestes présenteront également leurs garde-temps à un autre salon, Time to Watches, ou dans les grands hôtels de la ville au bord du lac Léman.

Du 27 mars au 2 avril, autour de stands somptueux rivalisant de créativité, près d'une cinquantaine d'horlogers dévoileront ainsi à l'occasion de Watches and Wonders leurs nouveautés aux détaillants et journalistes venus du monde entier. Par ailleurs pour la première fois la foire sera également accessible au grand public les 1 et 2 avril et différentes manifestations seront aussi organisées en plein centre-ville, indique un communiqué des organisateurs.

"Les maisons horlogères devraient présenter de nouvelles pièces à plus forte valeur ajoutée. Ces produits vont contribuer à l'augmentation en cours des prix moyens des marques", déclare à AWP Jean-Philippe Bertschy, un analyste de la banque Vontobel.

Revenant sur l'importance de Watches and Wonders, le spécialiste du secteur horloger souligne que le salon "montre qu'il y a une forte volonté des acteurs de l'industrie de se réunir et d'offrir une grande visibilité du secteur". "Cela a un impact important sur la branche au niveau global, malgré les changements intervenus au niveau des canaux de distribution des marques", relève-t-il.

Les marques horlogères lançaient auparavant leurs principales nouveautés lors de grands salons comme Watches and Wonders (ex SIHH) et l'ancienne foire Baselworld disparue il y a quelques années. Et les sociétés enregistraient lors de ces manifestations 80 à 90% de leurs commandes. Une situation qui a complétement changé, le lancement des nouveautés étant maintenant étalé tout au long de l'année et les commandes reçues lors des salons ne représentant plus qu'une petite fraction des ventes annuelles.

Les Etats-Unis et la Chine en ligne de mire

Après avoir souffert de la pandémie de coronavirus en 2020, les marques horlogères suisses ont retrouvé leur éclat et ont enregistré des ventes records ces deux dernières années, dépassant leurs niveaux d'avant la pandémie.

Sur les deux premiers mois de 2023, les exportations horlogères suisses, un indicateur-clé de la branche, ont augmenté de 10,6% à 4,10 milliards francs suisses après qu'elles ont avancé de 11,6% à 24,8 milliards de francs suisses en 2022 et atteint un nouveau record, en particulier grâce au dynamisme des Etats-Unis.

Pour l'exercice en cours, Vontobel anticipe une croissance oscillant entre 4 et 6% des envois à l'étranger de l'industrie des garde-temps, ralentissement due en partie à une base de comparaison élevée.

"L'impact des marchés financiers sur les Etats-Unis et la reprise de la Chine seront deux thèmes importants cette année qui détermineront la santé de l'industrie du luxe dans son ensemble", fait remarquer M. Bertschy, tout en rappelant que la demande outre-Atlantique pour le luxe était dans le passé corrélée avec l'évolution des marchés financiers.

Une autre inconnue, rappelle le spécialiste, reste la Chine, également un marché clé, et qui après avoir souffert des nombreuses restrictions imposées en 2022 à cause du Covid, a été réouvert en fin d'année dernière. "Je suis prudemment optimiste pour la reprise de la Chine parce que je pense que cela va prendre du temps pour que la consommation chinoise retourne à son niveau pré-Covid", estime le responsable du secteur luxe chez Vontobel.

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