Zurich (awp) - Le groupe de luxe Richemont a essuyé une perte au premier semestre de son exercice décalé en raison d'une dépréciation liée à la vente de la plateforme Yoox-Net-A-porter. Sans tenir compte de cette charge exceptionnelle, le genevois a enregistré une solide croissance, dans un contexte marqué par une forte demande mondiale pour les produits de luxe, nonobstant la flambée de l'inflation. L'action s'est envolée.

"L'inflation ne semble pas affecter nos clients" pour le moment, a fait remarquer Cyrille Vigneron, le directeur général de Cartier, marque la plus emblématique du groupe, lors d'une téléconférence. Par ailleurs la clientèle ne s'est pas tournée vers les produits les plus accessibles. "Nous avons des listes d'attente pour nos articles les plus chers", a affirmé le responsable.

Durant la période sous revue allant d'avril à septembre, le groupe a accusé une perte nette de 766 millions d'euros, après un bénéfice net de 1,25 milliard il y a un an. Hors effet exceptionnel, le résultant s'est par contre établi à 2,1 milliards, un bond de 40%.

Le bénéfice opérationnel des activités poursuivies a grimpé de 26% sur un an à 2,7 milliards d'euros et la marge s'est établie à 28,1%, une amélioration de 30 points de base.

Quant au chiffre d'affaires des activités poursuivies, il a grimpé de 24% en rythme annuel et de 16% à taux de change constant à 9,68 milliards. Le groupe a en outre augmenté les prix de ses produits de 4 à 8% en moyenne au niveau global, a indiqué le directeur des finances Burkhardt Grund.

Les résultats sont supérieurs au consensus de l'agence AWP.

L'action s'envole

La joaillerie, principale division qui compte notamment Van Cleef & Arpels, a vu ses ventes grimper de 24% à 6,3 milliards et son bénéfice opérationnel a pris 22% à 2,35 milliards. La marge afférente a cependant baissé de 80 points de base à 37,1%.

Le chiffre d'affaires de l'horlogerie, qui comprend des marques tels que Vacheron Constantin et IWC, a augmenté de 22% à 2,04 milliards. Le bénéfice opérationnel a gagné 35% à 506 millions et la marge correspondante s'est enrobée de 240 points de base à 24,8%.

Au niveau des régions, l'Europe a enregistré des recettes en hausse de 45%, l'Asie-Pacifique, la principale contributrice, a pris 3%, les Amériques 40%, le Japon 66% et le Moyen-Orient 25%.

"Nous observons actuellement une croissance à deux chiffres aux Etats-Unis mais il y a également un certain ralentissement", a indiqué Cyrille Vigneron.

Cette décélération peut s'expliquer notamment par le contexte conjoncturel défavorable mais également une normalisation de la croissance après l'effet de rattrapage enregistré après 2020, une année fortement affectée par la pandémie, a en outre expliqué le directeur des finances, Burkhardt Grund.

S'exprimant sur la Chine, la direction a relevé que l'évolution des affaires dans cet important marché demeurait difficile à prédire, même si certains signaux positifs liés à la politique de zéro-Covid avaient été émis récemment par le gouvernement.

Malgré l'absence des touristes chinois, l'Europe demeure dynamique grâce à la clientèle locale et les voyageurs d'autres régions du monde dont les Américains.

S'abstenant de s'avancer sur le terrain des prévisions chiffrées, le président Johann Rupert a souligné que l'incertitude pèsera sur la marche des affaires en Europe et les autres marchés clés au cours des prochains mois.

Les investisseurs semblaient ravis de la copie rendue et l'action Richemont a terminé la séance sur une envolée de 10,5% à 118,30 francs suisses, devançant de loin les autres titres du SMI (+0,06%).

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