* Une partie de New York inondée et privée d'électricité

* Plus de huit millions de foyers et d'entreprises sans courant

* Une vingtaine de morts; Obama reste à Washington mercredi

* La Bourse de New York pourrait rouvrir mercredi

par Anna Louie Sussman et Michael Erman

NEW YORK, 30 octobre (Reuters) - Sandy, une des plus fortes perturbations à avoir jamais touché les Etats-Unis, a semé la désolation sur la côte est, inondé à New York le métro et une partie de Manhattan, forcé Wall Street à fermer et mis entre parenthèses la campagne présidentielle.

L'ouragan devenu cyclone post-tropical s'est abattu sur les Etats-Unis lundi soir vers 20h00 près d'Atlantic City, dans le New Jersey, à près de 200 km au sud-ouest de Manhattan.

Depuis, il a entraîné la mort d'une vingtaine de personnes dont 15 dans l'Etat de New York, après en avoir tué une soixantaine dans les Antilles la semaine dernière.

Il a privé d'électricité plus de huit millions de foyers et d'entreprises, obligé les marchés boursiers à fermer pour au moins deux jours et interrompu la campagne présidentielle à une semaine juste du scrutin du 6 novembre.

La perturbation a causé la fermeture ou la mise au ralenti d'une demi-douzaine de centrales nucléaires et perturbé la réception des communications téléphoniques et d'internet.

Tous les Etats du littoral est, de la Caroline du Nord à la frontière canadienne, sont touchés par les pannes de courant mais aussi certains à l'intérieur comme l'Ohio et l'Indiana.

Le New Jersey est le plus affecté, avec 2,5 millions de clients (foyers et entreprises) sans courant, soit 62% du total. A New York, deux millions de clients, soit 21% du total, sont sans électricité. Dans les zones les plus touchées, rétablir l'électricité pourrait prendre plus d'une semaine. (voir )

Le centre de l'île de Manhattan a enregistré une montée des eaux historique, 4,2 m de haut, plus d'un mètre au-dessus du précédent record datant de 1960, après le passage de l'ouragan Donna.

QUATRE OU CINQ JOURS SANS MÉTRO

La Metropolitan Transit Authority (MTA), qui gère les transports en commun new-yorkais, n'a pas donné de calendrier pour le redémarrage des métros, trains et autobus qui ont été mis à l'arrêt dimanche soir, 24 heures avant l'arrivée de Sandy.

Les sept tunnels du métro qui relient Manhattan à Brooklyn et au Queens en passant sous l'East River ont pris l'eau. Dans une station de métro, l'eau est arrivée jusqu'au plafond, a raconté Joseph Lotha, le président de la MTA.

Selon le maire de New York, Michael Bloomberg, le service du métro ne reprendra pas avant quatre ou cinq jours. Les autobus devraient recommencer à circuler peu à peu mardi pour fonctionner totalement mercredi.

Les places boursières, dont le New York Stock Exchange (Nyse) et le Nasdaq, sont restées closes mardi, après avoir fermé la veille pour la première fois depuis les attentats du 11 septembre 2001.

Elles pourraient rouvrir mercredi, dernier jour du mois boursier. Selon une note interne de la première banque américaine JPMorgan obtenu par Reuters, une grande partie de ses employés seraient à même de revenir au travail.

DES BATEAUX DANS LES RUES

Sur le plan politique, le président Barack Obama, qui veut apparaître compétent dans la gestion de la crise, restera mercredi à Washington pour coordonner les secours, annulant une nouvelle journée de campagne prévue dans l'Etat clé de l'Ohio.

La mauvaise gestion du passage de Katrina en 2005 avait été dommageable politiquement pour son prédécesseur George W. Bush.

La perturbation, faiblissante mais toujours impressionnante, poursuit son chemin vers l'ouest et l'intérieur des terres, et plus d'un million d'habitants d'une dizaine d'Etats font l'objet d'un ordre d'évacuation.

Sandy laisse derrière elle la désolation - maisons sous l'eau, arbres déracinés, lignes électriques à terre.

Barack Obama a déclaré l'état de catastrophe naturelle majeure par décret fédéral pour les Etats de New York et du New Jersey. Selon certains chiffres, Sandy pourrait avoir causé pour 20 milliards de dollars de dégâts (15 milliards d'euros).

"C'est la dévastation ici, il y a des bateaux dans les rues à cinq pâtés de maisons de l'océan", raconte Peter Sandomeno, qui possède un hôtel dans la station balnéaire de Point Pleasant, dans le New Jersey. "C'est la pire tempête que j'ai vue. Et ça fait onze ans que je suis là."

A Breezy Point, un quartier de Queens à New York, les inondations ont entravé les efforts des pompiers pour éteindre un incendie qui a détruit une cinquantaine de maisons.

Dans le nord du New Jersey, un mur d'eau de 1,5 mètre a fait gonfler les eaux de la rivière Hackensack et mis trois localités sous l'eau - Moonachie, Little Ferry et Carlstadt. Plusieurs milliers de personnes ont dû fuir.

L'hôpital universitaire de New York a du évacuer plus de 200 patients dont des nouveau-nés sous respirateurs lorsque le générateur de secours est tombé en panne, a rapporté CNN. (Avec Barbara Goldberg, Tom Mihalek, Greg Roumeliotis, Tom Hals et Kevin Gray, Julien Dury et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

Valeurs citées dans l'article : Exelon Corporation, Consolidated Edison, Inc.