PARIS (Agefi-Dow Jones)--Dans un contexte de remontée rapide des taux et de forte volatilité sur les marchés, Crédit Agricole SA (CASA), la structure cotée du groupe Crédit Agricole, a publié jeudi un résultat net en baisse au titre du troisième trimestre, en dépit d'une plus-value de 101 millions d'euros liée à la cession de La Médicale, l'assureur des professionnels de santé, au groupe italien Generali.

La banque française a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net part du groupe de 1,35 milliard d'euros, en baisse de 3,6% sur une base publiée et de 10% si l'on exclut les éléments non récurrents. Cette baisse s'explique par "les résultats exceptionnels du troisième trimestre 2021", selon le directeur général de CASA, Philippe Brassac. Le groupe avait alors publié des chiffres se situant à un plus haut historique pour un troisième trimestre.

En réaction à ces résultats, l'action Crédit Agricole SA abandonnait 4,4% jeudi à la mi-journée, à 9,27 euros.

"La performance opérationnelle du trimestre est inférieure aux attentes et le ratio de fonds propres a diminué, ce qui laisse moins de possibilités de rémunération supplémentaire pour les actionnaires", soulignent dans une note les analystes de RBC Capital Markets.

CASA a bénéficié au cours du trimestre écoulé d'éléments exceptionnels positifs d'un montant total de 79 millions d'euros. Si la cession de La Médicale à Generali a permis de dégager une plus-value de 101 millions d'euros, l'intégration de Lyxor à son activité de gestion d'actifs lui a coûté 4 millions d'euros. Le moratoire sur les crédits immobiliers en Pologne, qui permet aux emprunteurs de reporter leurs huit prochaines échéances, a eu un impact négatif de 17 millions d'euros sur le résultat net part du groupe.

En excluant ces éléments, le bénéfice sous-jacent de CASA ressort à 1,27 milliard d'euros au troisième trimestre, contre 1,4 milliard d'euros un an plus tôt.

Le produit net bancaire (PNB) de CASA a de son côté progressé de 0,6%, à 5,56 milliards d'euros, au troisième trimestre. Dans le détail, les revenus de la gestion de fortune ont augmenté de 11,6%, à 226 millions d'euros, tandis que l'activité d'assurance a crû plus modestement (+1,3%, à 602 millions d'euros). En revanche, la gestion d'actifs a décroché, avec une baisse de 4,7% de ses revenus, à 738 millions d'euros.

Les revenus sous-jacents de la banque de financement et d'investissement ont progressé de 4,5%, à 1,3 milliard d'euros, grâce à un effet de change favorable et à la bonne performance de la banque de financement. Les activités de marché ont cependant accusé un recul de 5,7%, à 520 millions d'euros, Crédit Agricole SA étant moins positionné sur les activités bénéficiant de la volatilité comme les matières premières et les dérivés actions.

"Dans la banque d'investissement, les clients restent prudents et attendent une conjoncture plus porteuse", a souligné le groupe dans un communiqué.

Dans la banque de détail en France, CASA a été affecté par les spécificités du marché du crédit immobilier à taux fixe associées à la réglementation sur le taux d'usure ainsi que par la hausse de la rémunération des livrets d'épargne réglementée. La hausse des commissions a compensé malgré tout le recul de la marge nette d'intérêt. Le PNB de LCL a progressé de 0,6%, à 940 millions d'euros.

De nouvelles provisions pour risques de crédit avérés

Le coût du risque de CASA a atteint au troisième trimestre 30 points de base, un niveau équivalent à celui enregistré avant la crise du Covid-19 en 2019. Il a toutefois progressé de 35% par rapport au troisième trimestre 2021, année de relance de l'économie, avec une dotation nette de -360 millions d'euros. Cette charge se décompose en une dotation de provision sur encours sains, de strates 1 et 2, pour -42 millions d'euros et un provisionnement des risques avérés, de strate 3, pour -377 millions d'euros.

Le ratio de solvabilité CET1 de CASA a par ailleurs reculé de 90 points de base par rapport au 30 décembre 2021, pour s'établir à 11% au 30 septembre 2022, dans la fourchette cible du plan à moyen terme du groupe. Cette baisse s'explique par l'impact de la hausse des taux générant des moins-values latentes en assurance vie, l'impact sur les marchés, notamment des changes, et la Russie.

"Ces effets de marché sont réversibles et le ratio de solvabilité de CASA reste à 310 points de base au-dessus des exigences réglementaires, bien plus que d'autres banques systémiques", souligne Jérôme Grivet, directeur général délégué de la banque verte. CASA a réitéré son intention de verser un dividende de 20 centimes par action en 2023 au titre du rattrapage du dividende 2019.

La SAS Rue la Boétie renforce sa part au capital

La SAS Rue la Boétie, organe de contrôle de CASA détenu à 100% par les caisses régionales, a par ailleurs annoncé son intention de racheter jusqu'à 1 milliard d'euros de titres supplémentaires. Cette opération "à vocation patrimoniale" n'aura pas d'incidence sur la gouvernance du groupe ni sur la politique de distribution de dividendes, ont expliqué Dominique Lefebvre, président du conseil d'administration du groupe, et Raphaël Appert, vice-président dans un entretien à L'Agefi.

La SAS Rue la Boétie, qui détient actuellement 57,1% de CASA, n'a pas l'intention d'augmenter sa participation au-delà de 65%. L'opération aura un impact inférieur à 20 points de base sur la solvabilité du groupe Crédit Agricole, qui s'établissait à 12,7% au 30 septembre 2022.

"Dans un contexte où les banques systémiques sont sous-valorisées en Bourse, nous nous réjouissons que la SAS Rue la Boétie se comporte en investisseur avisé car elle connaît bien le titre Crédit Agricole SA et ses performances", a réagi Philippe Brassac, le directeur général de CASA.

-Aurélie Abadie, L'Agefi, et Valérie Venck, Agefi-Dow Jones ed: VLV - LBO


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November 10, 2022 06:06 ET (11:06 GMT)