* En jeu, une majorité absolue pour Macron

* "On va se battre", dit la porte-parole du gouvernement

* La Nupes dénonce une "manipulation" des chiffres

PARIS, 13 juin (Reuters) - Les deux forces arrivées en tête du premier tour des élections législatives en France, Ensemble et la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), ont lancé lundi la bataille du second tour dont l'issue sera décisive pour la suite du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Les projections au sortir du scrutin marqué par une abstention record de l'ordre de 52% laissent espérer au camp du président réélu une majorité à l'Assemblée nationale pour appliquer ses réformes. Mais la majorité absolue, c'est-à-dire 289 sièges sur 577, est loin d'être acquise.

"On est plutôt bien placés et on va se battre", a lancé sur RTL la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, elle-même candidate à Paris.

"La campagne n'est pas finie, n'en déplaise à M. Mélenchon", a-t-elle ajouté à l'adresse du chef de file de La France insoumise, initiateur de l'alliance "Nupes".

Après avoir appelé dimanche à donner au camp présidentiel une "majorité forte et claire", la Première ministre Elisabeth Borne est repartie en campagne dans le Calvados, où elle affronte un candidat de la Nupes.

Devant la presse, elle a martelé la consigne à suivre en cas de duel entre la Nupes et le Rassemblement national, sujet qui a donné lieu à quelque cacophonie dans le camp présidentiel dimanche soir.

"Aucune voix pour le Front national", a dit la cheffe de la majorité. Pas de soutien non plus aux "candidats qui ne respectent pas les valeurs républicaines, qui insultent les policiers, qui appellent à ne pas soutenir l'Ukraine, qui appellent à sortir de l'Europe".

"Nous n'appelons pas à voter pour eux", a-t-elle insisté, prenant pour cible le programme de La France insoumise.

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, Ensemble est arrivé en tête avec environ 21.000 voix d'avance sur la Nupes (25,75% des voix contre 25,66%), un comptage contesté par le camp de Jean-Luc Mélenchon et qui s'explique en partie par le fait que l'accord de la Nupes passé entre La France insoumise, le Parti socialiste, le Parti communiste et les écologistes n'englobe pas l'outre-mer.

L'Insoumis Manuel Bompard, bien placé pour l'emporter à Marseille dans la circonscription de Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé une "nouvelle manipulation" de la majorité.

LE PEN VOIT "UNE DYNAMIQUE FORTE"

Au sein du gouvernement, dont 15 membres étaient candidats, la situation est délicate à Paris pour les ministres de l'Europe et de la Fonction publique Clément Beaune et Stanislas Guerini, arrivés en deuxième position derrière un représentant de la Nupes.

Dans l'Essonne, leur collègue de la Transition écologique Amélie de Montchalin a dix points de retard sur le candidat de gauche Jérôme Guedj.

En cas de défaite, les ministres devront quitter le gouvernement.

Sur Cnews, Amélie de Montchalin a lancé "un appel à tous les républicains" face aux "anarchistes d'extrême gauche."

"J'ai peur pour mon pays", a-t-elle ajouté, voyant dans le camp de Jean-Luc Mélenchon "anarchie, désordre, chaos".

Du côté du Rassemblement national, l'ex-candidate à la présidentielle Marine Le Pen a dit son espoir de faire un bon score grâce à la "dynamique forte" de son camp, en tête dans une centaine de circonscriptions.

"Nous sommes les seuls à être en réalité en forte dynamique depuis 2017 car entre 2017 et aujourd'hui, la gauche et l'extrême gauche confondues sont en recul ou en stagnation, En Marche est en recul, LR est en capilotade et le Rassemblement national lui est en forte progression", a déclaré à Rouvroy (Pas-de-Calais) la députée, bien placée pour être réélue et diriger le futur groupe RN de l'Assemblée nationale, possible à partir de 15 députés.

Signe du malaise des investisseurs face à la perspective d'une perte de contrôle du camp d'Emmanuel Macron à l'Assemblée, les actions bancaires françaises ont chuté lundi à la Bourse.

La troisième banque cotée du pays, la Société Générale (SOGN.PA), perdait 3,6% à 08h50 GMT. BNP Paribas et Crédit Agricole chutaient respectivement de 2,8% et 3,2%. (Reportage Elizabeth Pineau avec Myriam Rivet, Bertrand Boucey et Sudip Kar-Gupta, édité par Sophie Louet)