Si comme ses concurrentes françaises, Crédit Agricole a dévoilé une performance trimestrielle moins dégradée qu'anticipé, elle a sorti de sa manche un atout particulièrement puissant en ces temps de disette pour les actionnaires du secteur bancaire européen. La banque a en effet dévoilé un dividende bien plus généreux que prévu, lui permettant d'offrir un rendement de 8%. Cette annonce et la qualité de ses résultats propulsent l'action en tête de l'indice CAC 40 : + 3,82% à 10,61 euros.

Au quatrième trimestre, le bénéfice net, part du groupe, a chuté de 92,6% à 124 millions d'euros, mais les analystes anticipaient une perte plus lourde encore : 188,8 millions selon le consensus Bloomberg. Le trimestre a été marqué par la dépréciation d'écart d'acquisition de CA Italia pour 778 millions d'euros. Hors éléments exceptionnels, la baisse est de 26% à 975 millions d'euros, dépassant également les attentes du marché : 676 millions d'euros. 

A l'instar des autres banques françaises et européennes, le montant mis de côté dans la perspective de pertes sur prêts a été moindre que prévu. Si le coût du risque est passé en un an de 340 millions d'euros à 538 millions d'euros du fait du Covid-19, il est inférieur aux anticipations des analystes : 754,8 millions d'euros.

La première ligne de son compte de résultat a aussi été plus dynamique que prévu. Le produit net bancaire a progressé de 2,6% à 5,251 milliards d'euros alors que le marché visait 5,05 milliards d'euros.

" Toutes les divisions ont dépassé les attentes au niveau du revenu net ajusté. Les provisions ont été moins élevées que prévu dans toutes les divisions. Mais même au niveau du bénéfice avant provision, toutes les divisions et subdivisions ont dépassé les attentes à l'exception des marchés où les revenus ont été plus faibles que prévu ", a commenté Jefferies, soulignant la qualité des résultats.

Le ratio de fonds propres durs a progressé sur le trimestre de 50 points de base à 13,1%. Il est supérieur à l'exigence réglementaire de 5,2 points de pourcentage et a dépassé les attentes de 50 points de base.

Fort d'une solvabilité élevée, Crédit Agricole va verser un dividende de 0,80 euro par action avec option de paiement en action, ce qui représente un rendement de 8%. Il est bien supérieur au consensus Bloomberg de 0,33 euro par titre et constitue la principale bonne surprise de cette publication. A titre de comparaison, Société Générale offre un rendement de 6%.

Crédit Agricole souligne que le montant nominal est supérieur à ce qu'aurait représenté sa politique de distribution traditionnelle de 50% en numéraire, et permet de compenser une partie du dividende au titre du résultat 2019 non payé.

Elle explique que ce montant est rendu possible par l'engagement de la SAS LA Boétie, qui contrôle un peu plus de 55% du capital de Crédit Agricole, de souscrire à l'option du paiement du dividende en actions. La banque assure que  le dispositif proposé respecte " scrupuleusement la recommandation de la BCE ".

UBS note que l'impact dilutif sur le bénéfice par action de l'option du paiement du dividende en action, qu'il évalue à 5%, sera compensé par le débouclage par anticipation de Switch. Il s'agit d'un mécanisme complexe de transfert de risque au sein du groupe mis en place en 2014 et que la banque dénoue progressivement pour simplifier son organisation.

Il sera débouclé 100% à horizon 2022, dont 50% réalisés dès le premier trimestre 2021, permettant l'achèvement de la simplification de la structure du groupe.

S'agissant du projet de rachat de la banque italienne Creval, la Banque Verte a affiché sa confiant dans sa réalisation. A ce propos, le directeur général délégué, Xavier Muscat, a déclaré : "Je remarque qu'il n'y a pas de contre-offre, je suis donc particulièrement confiant dans le succès final du processus".