Milan (awp/afp) - La banque italienne Bper Banca a reçu lundi le feu vert pour son offre de rachat de sa concurrente en difficulté Carige, en vue d'un mariage qui relancerait la consolidation du paysage bancaire en Italie, un secteur en pleine ébullition.

Le principal actionnaire de Banca Carige, le Fonds interbancaire de protection des dépôts (FITD), a accepté de vendre à Bper Banca pour un euro symbolique sa part de 80% acquise après l'avoir renflouée en 2019, ont rapporté les médias italiens.

Sollicité par l'AFP, le FITD n'a pas souhaité commenter dans l'immédiat, renvoyant vers un communiqué ultérieur.

Bper Banca compte également lancer une offre publique d'achat (OPA) sur les 20% restants au prix de 0,80 euro l'action.

Ensemble, Bper Banca et Carige cumuleraient plus de 155 milliards d'euros d'actifs, hissant la future entité à la quatrième place des groupes bancaires en Italie, derrière Intesa Sanpaolo, UniCredit et Banco BPM.

Après l'échec des négociations sur l'union entre l'autre maillon faible, Monte dei Paschi di Siena (BMPS), et UniCredit, numéro deux du secteur, une telle fusion constituerait l'épilogue d'une longue crise traversée par Carige.

Le FITD avait annoncé en janvier accorder à Bper Banca "un délai exclusif" jusqu'au 15 février pour des négociations, infligeant ainsi un revers à Crédit Agricole, également en lice.

La banque basée à Modène (nord) avait revu en janvier à la baisse sa demande d'augmentation de capital préalable à réaliser par le FITD, à 530 millions d'euros, contre un milliard auparavant.

Bper Banca pourra en outre bénéficier de plus de 350 millions d'euros au titre des incitations fiscales mises en place par le gouvernement pour encourager des fusions dans un secteur bancaire très fragmenté.

Bper Banca et Carige compteraient ensemble 2.228 succursales et environ cinq millions de clients.

Carige, basée à Gênes, aura été l'une des rares banques italiennes à essuyer une perte nette en 2021, de 90 millions d'euros.

Histoire mouvementée

L'histoire de Carige est marquée par son échec en 2014 aux tests de résistance menés par les autorités bancaires européennes, l'arrestation la même année d'un de ses ex-dirigeants pour escroquerie et des augmentations de capital en série.

Carige a dû renforcer ses fonds propres après la découverte d'une montagne de créances douteuses par la Banque centrale italienne dans le cadre d'une inspection qui a débuté en 2012.

La banque a ainsi lancé trois augmentations de capital entre 2014 et 2018, changeant plusieurs fois de directeur général, mais rien n'y a fait, des interrogations sur sa solvabilité persistaient.

Banca Carige est passée en janvier 2019 sous le contrôle d'administrateurs temporaires désignés par la Banque centrale européenne (BCE), une première pour l'Italie.

Huit mois plus tard, elle a bénéficié d'un plan de sauvetage d'un total de 900 millions d'euros, dont 700 millions d'augmentation de capital et 200 millions en émission d'obligations.

Ce plan était financé en grande partie par les autres banques italiennes via leur fonds interbancaire de garantie des dépôts, qui était depuis à la recherche d'un repreneur.

Fusions et acquisitions

Le rapprochement entre Bper Banca et Carige s'inscrit dans un important mouvement de consolidation du secteur en Italie.

Intesa Sanpaolo avait repris en juin 2017 pour un euro symbolique les actifs sains de deux banques vénitiennes (Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca) au bord de la faillite, avant d'absorber en 2020 Ubi Banca.

Crédit Agricole s'était offert en avril 2021 la banque régionale italienne Credito Valtellinese (Creval) pour quelque 785 millions d'euros.

Le titre de la troisième banque italienne, Banco BPM, s'était envolé vendredi à la Bourse de Milan sur des rumeurs d'une possible proposition de rachat par UniCredit.

Le PDG de Banco BPM, Giuseppe Castagna, ne semble cependant pas très enthousiaste à l'idée de voir sa banque absorbée par le colosse UniCredit: "Nous nous sommes engagés sur la voie de la croissance (...) nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir seuls", a-t-il assuré samedi.

afp/rp