Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a terminé en nette baisse de 1,44% lundi, dans le rouge pour la troisième séance consécutive depuis une publication montrant la volonté de la Réserve fédérale américaine (Fed) de durcir sa politique monétaire.

L'indice vedette CAC 40 a perdu 103,71 points à 7.115,77 points. Vendredi, il avait reculé de 0,42%.

Depuis son sommet en clôture atteint mercredi dernier, la cote Parisienne a perdu 3,5%. Lundi, elle a tenté un rebond qui s'est vite essoufflé, avant de creuser ses pertes après l'ouverture des marchés américains.

En l'absence de nouvelles données macroéconomiques, "c'est encore la thématique de la hausse des taux" qui s'est imposée dans l'esprit des investisseurs, observe Yohan Salleron, gérant actions de Mandarine Gestion.

Ce nouvel environnement, après des années de taux bas, s'est concrétisé un peu plus avec la publication mercredi du compte-rendu de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale américaine (Fed). Celle-ci s'est montrée plus résolue dans sa lutte contre l'inflation, qui a atteint un niveau record en 40 ans en novembre aux Etats-Unis.

La Fed envisage d'effectuer quatre hausses de taux directeurs - aujourd'hui à un niveau historiquement faible - au lieu des trois anticipés jusqu'alors. Surtout, l'institution pourrait aussi réduire son bilan, c'est-à-dire commencer à vendre une partie des actifs qu'elle a achetés depuis 18 mois pour soutenir les cours face à la crise sanitaire.

Ce signal a poussé les taux sur le marché obligataire, déjà orientés à la hausse depuis fin décembre: le rendement de l'emprunt souverain américain à dix ans est revenu à un niveau pré-Covid, à 1,80%.

En France, la tendance est similaire. L'OAT à dix ans est désormais à 0,28%, proche de ses sommets post-crise.

Ce nouvel environnement, traditionnellement peu porteur pour les actions, n'a pas les mêmes effets sur les entreprises selon les secteurs.

Les entreprises dites de croissance, dont le développement bénéficie d'une "visibilité" sur le long terme car elles sont moins dépendantes de l'activité économique, souffrent davantage que les valeurs cycliques, "dont l'horizon d'investissement est plus rapproché", explique M. Salleron.

Parmi les valeurs de croissance se trouvent les secteurs technologiques ou du luxe. Elles ont nettement progressé depuis la crise et les craintes "sont aussi propices à des prises de bénéfices", poursuit le gérant.

Mercredi est attendue la publication des chiffres de l'inflation aux Etats-Unis pour décembre. "En cas de surprise à la hausse, le sentiment sera renforcé et la rotation sectorielle peut perdurer", prévient-il.

La tech vacille, Atos s'écroule

Les valeurs technologiques ont subi de nouvelles pertes. Worldline a perdu 5,36% à 48,71 euros, Teleperformance 4,14% à 363,70 euros et STMicroelectronics 4,39% à 42,43 euros.

Le groupe informatique Atos a dégringolé de 16,82% à 32,10 euros, sanctionné pour avoir présenté des chiffres financiers préliminaires pour 2021 inférieurs à ses objectifs.

Le luxe aussi souffrait, à l'image d'Hermès qui a perdu 5,08% à 1.374,00 euros. Deuxième meilleure performance en 2021, l'action est la troisième plus mauvaise depuis le début 2022, avec plus de 10% de pertes.

Gros contrat pour Thales

L'action Thales a pris 1,63% à 78,78 euros après un contrat avec l'armée de l'Air française d'une valeur de 1,5 milliard d'euros sur dix ans, selon des sources concordantes.

Les valeurs cycliques encore sur le devant

Les banques, favorisées par une hausse des taux, et les valeurs industrielles comme l'automobile, ont une fois encore mieux résisté.

Crédit Agricole a gagné 0,54% à 13,53 euros, tandis que Société Générale ne s'est repliée que de 0,56% à 33,02 euros. Les deux banques figurent dans les cinq meilleures actions du début d'année, avec également Unibail-Rodamco-Westfield (+1,41% à 66,91 euros lundi) et Renault (-0,61% à 34,03 euros).

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