Ce n'est pas l'œil du cyclone qui est dangereux, mais sa bordure, faite d'instabilité et de vents violents. Dans la compétition économique internationale, ce que nous voyons poindre, en sortie de crise, ce n'est pas une ligne d'arrivée et de délivrance, mais bien au contraire celle d'un nouveau départ. Les plans de relance ne sont pas seulement là pour faire croître nos champions, ils sont également censés nous permettre de battre nos concurrents. Cette nouvelle course, qui est devant nous, a déjà largement démarré en Asie, où les niveaux de consommation et d'investissement sont globalement revenus à ceux de la pré-crise, voire les dépassent dans certains secteurs.

Elle se précise également à grands pas aux Etats-Unis où plans de vaccination et plans de relance massifs créent une dynamique de rebond puissante, caractéristique de la capacité de ce pays à repartir vers l'avant après les chocs. Elle est hélas timide en Europe. Beaucoup trop timide encore. Or, on le sait, ces moments de transition représentent dans la vie des affaires des périodes particulières d'inflexion où les parts de marché se gagnent... ou se perdent pour longtemps.

Nous devons nous préparer dès à présent pour cette nouvelle période. Non pas en grands convalescents, mais en compétiteurs déterminés. Démarrer un peu trop tôt est beaucoup moins risqué que d'attendre trop longtemps un signal de départ plus clair.

Nous avons su faire preuve de beaucoup de qualités d'adaptation, de résilience et de solidarité au cœur de la crise. Tout en poursuivant l'aide indispensable aux secteurs les plus durement touchés, nous devons à présent faire appel à nos autres qualités : l'esprit de conquête, l'ingéniosité, le dynamisme.

La relance, dont le gouvernement vient de donner le top départ avec les prêts participatifs, ne sera pas seulement un temps plus heureux de l'après-crise, mais bien un retour aux dures réalités de la compétition libérée des multiples biais protecteurs créés par les aides d'Etat.

Les pessimistes n'ont pas le monopole du réalisme, ils ont encore moins la potion magique garantissant la victoire. Il faut au contraire oser et décider d'y croire. La confiance et l'ambition sont des vaccins anticrise, et leur approvisionnement ne dépend que de nous. Alors prenons notre élan, et projetons-nous résolument vers l'après. Prenons notre élan et franchissons cette nouvelle ligne en départ lancé.

Cette chronique a été publiée sur Lexpress.fr le 4 mai 2021

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