La filiale italienne de Crédit Agricole S.A a annoncé le lancement d'une offre publique d'achat en numéraire sur sa concurrente, Credito Valtellinese (Creval), pour 737 millions d'euros. Cette opération est loin d'être une surprise, les rumeurs d'acquisitions en Italie de la part de la banque française couraient déjà depuis quelques mois, Creval étant citée en même temps que Banco BPM.

Cette opération est bien accueillie, le titre Crédit Agricole (+3,89% à 9,30 euros) affiche l'une des plus fortes hausses de l'indice CAC 40. Les autres banques sont aussi bien orientées, la perspective de la concentration du secteur bancaire en Europe est positive, notamment du point de vue de la valorisation. Plusieurs projets de rapprochement ont été dévoilés ces derniers mois, dont, en Espagne, le rachat de Bankia par CaixaBank et les discussions entre BBVA et Banco Sabadell, annoncées la semaine dernière.

S'agissant du rachat de Creval, Jefferies émet un avis favorable. Il juge que opération est stratégiquement sensée car elle accroît les parts de marché du groupe en Italie, permet des synergies de coûts et de revenus, consomme un montant limité de capital excédentaire et comporte un risque d'exécution limité.

Dans le détail, la banque française propose 10,50 euros par action Creval, soit une prime de 21,4 % par rapport au dernier cours de Credito Valtellinese. Crédit Agricole était déjà en relation avec cette dernière, dont elle détient 9,8% du capital via Credit Agricole Assurances.

La banque française renforcerait sa présence en Italie, son deuxième marché domestique où elle réalise 15% de son résultat net, part du groupe. L'acquisition de Creval lui permettra de devenir la sixième banque de la Péninsule alors qu'elle occupait la septième place auparavant, détenant 5% du marché contre 3,5% précédemment. Elle double notamment sa part de marché à 6% en Lombardie, région la plus riche du pays. L'entité combinée, qui afficherait un produit net bancaire de 2,56 milliards d'euros, servira environ 3 millions de clients en Italie et gérera des actifs totalisant près de 100 milliards d'euros.

Sur le plan financier, Crédit Agricole prévoit de réaliser un retour sur investissement d'au moins 10% dès la troisième année. Ce rachat devrait avoir un impact relutif sur le bénéfice par action d'ici 2022. Si le montant des synergies envisagées n'a pas été dévoilé, l'établissement français prévoit de réduire les coûts grâce aux économies d'échelle et accroître les revenus à la faveur de l'amélioration de la productivité dans les réseaux commerciaux de Credito Valtellinese.

La transaction sera en outre faiblement consommatrice en capital excédentaire, environ 20 points de base, alors que Crédit Agricole en possède actuellement 160 points, précise Jefferies.

La banque française considère que le risque d'intégration est maîtrisé, donnant en exemple ses dernières acquisitions en Italie. Elle s'y était déjà renforcée par croissance externe en rachetant 3 Caisses d'épargne italiennes en 2017 et Banca Leonardo en 2018.

L'OPA est conditionnée à la détention d'au moins 66,67% du capital de la cible et la finalisation de la transaction est attendu en mai 2021.