PARIS (Reuters) - Crédit agricole SA, qui a fait état mercredi d'une contraction de 18,5% de son résultat net au troisième trimestre, s'est montré prudent face à la seconde vague de contaminations au coronavirus qui a contraint le gouvernement à imposer un nouveau confinement comme dans d'autres pays européens.

L'établissement bancaire, dont les comptes trimestriels ont eux aussi profité des activités de marché, estime que le reconfinement apporte moins de visibilité qu'au printemps dernier.

Pour le quatrième trimestre, le groupe ne s'attend toutefois pas à une nouvelle flambée de ses provisions pour risque de non remboursement de crédits.

En Bourse, l'action Crédit agricole a ouvert en baisse de plus de 2%, les incertitudes autour des résultats de l'élection présidentielle aux Etats-Unis pesant sur les valeurs financières.

"Ce second confinement n'est pas tout à fait de même nature que le premier", a déclaré Philippe Brassac, le directeur général de Crédit agricole SA, lors d'une conférence de presse en ligne.

"D'un côté, il est moins violent (...) Mais d'un autre côté, en tant qu'acteur bancaire, nous constatons que la visibilité est moins forte que la première fois."

La banque a indiqué qu'elle réviserait dans le courant du quatrième trimestre ses prévisions économiques pour tenir compte de l'évolution de la crise sanitaire.

"Oui, on aura un durcissement de notre scénario économique central au quatrième trimestre mais on ne peut pas en déduire la conclusion qu'on va avoir à nouveau une explosion du coût du risque", a dit Jérôme Grivet, le directeur général adjoint en charge des finances. "Ce n'est pas cela que nous voyons aujourd'hui."

UN T3 JUGÉ GLOBALEMENT SOLIDE

Au cours du troisième trimestre, le véhicule coté du groupe Crédit agricole a vu ses provisions pour risque de crédit grimper de 80%. Mais pour limiter la baisse de ses résultats, la banque a pu compter sur ses activités de marché où les revenus ont augmenté de près de 25%.

Son bénéfice net est ressorti à 977 millions d'euros sur le trimestre contre 1,199 milliard un an plus tôt.

Les analystes de Jefferies ont jugé ces résultats globalement solides, tout en estimant les performances dans l'assurance et les activités de financement sous les attentes.

Interrogé sur le dividende, Philippe Brassac a dit espérer un retour à la normale l'an prochain après que les régulateurs européens ont demandé de suspendre cette année le versement de dividendes en raison de la crise sanitaire et économique.

"Tout a été fait pour donner le signal que le système bancaire et le système financier seraient assez solides pour financer l'économie. Toutes les décisions (des régulateurs, ndlr) ont été prises pour montrer que tout le capital était mobilisé sur le financement de l'économie", a dit le dirigeant.

Mardi, le marché a salué les résultats trimestriels de BNP Paribas qui sont ressortis au-dessus des attentes.

(Maya Nikolaeva et Matthieu Protard, édité par Blandine Hénault et Jean-Michel Bélot)

par Maya Nikolaeva et Matthieu Protard