Zurich (awp) - Actares exige un changement de cap chez Credit Suisse, secouée par les débâcles d'Archegos et Greensill Capital. La société de conseil aux actionnaires demande une remise en question de la stratégie et une réorientation de la culture d'entreprise, trop axée à son goût sur la prise de risques. La banque tient son assemblée générale vendredi prochain.

"Credit Suisse traverse une crise existentielle qui ne peut être surmontée par le 'business as usual'", a souligné Actares vendredi dans un communiqué. Cette dernière se demande notamment comment l'établissement peut concilier des activités - la gestion de fortune, la gestion d'actifs et le banque d'affaires - aux profils de risques différents.

Selon Actares, "il s'agit de modèles d'affaires fondamentalement différents qui nécessitent des formes distinctes de gestion des risques".

Concernant l'affaire Greensill, Credit Suisse "n'a apparemment pas réussi à maîtriser la gestion complexe des risques requise pour cet important client. Quant à Archegos, l'établissement zurichois "a accordé des prêts énormes au client sans avoir une image complète de ses finances", a taclé Actares.

La société de conseil aux investisseurs demande aux membres du conseil d'administration qu'ils démissionnent si les enquêtes lancées sur la déconfiture du fonds d'investissement américain et de la société britannique de services financiers "confirment qu'ils n'ont pas suffisamment rempli leur fonction de surveillance".

Privé de dividende

Face à ces affaires, qui ont valu à la banque d'encaisser au premier trimestre une perte avant impôts de 757 millions de francs suisses en raison de la débâcle d'Archegos qui s'est traduit par une charge de 4,4 milliards, Actares estime que "seul un changement fondamental de la culture d'entreprise de Credit Suisse peut restaurer la confiance des clients, des investisseurs et des autres parties prenantes".

En vue de l'assemblée générale de vendredi prochain, Actares appelle les actionnaires de la banque aux deux voiles de refuser le rapport de rémunération, ainsi que l'emploi du bénéfice et le dividende, ce dernier n'étant pas "justifié économiquement".

Le nouveau président Antonio Horta-Osorio doit pour sa part être élu, alors que la réélection de l'administrateur Andreas Gottschling, également président du comité du risques, doit être rejetée. Actares s'oppose aussi à la rémunération totale du conseil d'administration, ainsi qu'à la rémunération fixe de la direction. La rétribution variable des dirigeants avait été retirée de l'ordre du jour après l'éclatement des affaires Greensill et Archegos.

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