Zurich (awp) - Avec l'entrée en fonction immédiate d'Axel Lehmann à la présidence de Credit Suisse, le numéro deux bancaire helvétique mise sur un pur produit de la place financière zurichoise pour faire oublier le passage éclair du Portugais Antonio Horta-Osorio à la tête du conseil d'administration.

C'est dans un communiqué publié lundi vers 0h30 du matin - horaire peu orthodoxe pour ce genre d'information - que l'annonce est tombée: Axel Lehmann, administrateur de Credit Suisse, accède à la présidence de la banque aux deux voiles.

Après la présidence d'Urs Rohner, qui aura duré une décennie (2011 en mai 2021), et les tout juste huit mois de son successeur portugais, c'est de nouveau un Suisse qui reprend les commandes de l'organe de surveillance.

Agé de 62 ans, Axel Lehmann a passé toute sa carrière au sein d'établissements financiers zurichois. Ce diplômé en gestion des affaires de l'université de St-Gall a débuté son parcours professionnel en 1995 auprès de l'assureur-vie Swiss Life comme responsable de la planification et du contrôle.

Il est ensuite rapidement passé chez l'assureur Zurich Insurance, auprès duquel il est resté 19 ans (1996 à 2015). Il y a occupé plusieurs fonctions de direction régionale, notamment de l'Europe du nord et l'Amérique du Nord, mais a également fourbi ses armes en tant que responsable de la gestion du risque.

En pleine période de l'après-crise financière, M. Lehmann a rejoint en 2009 le géant bancaire UBS. Alors que la banque a été sérieusement écornée par ses investissements dans les crédits "subprime" et que la pression contre le secret bancaire helvétique se faisait de plus en plus ressentir, il a rejoint le conseil d'administration et le comité de gestion du risque de la banque aux trois clés.

En 2018 et jusqu'à l'année dernière, il a présidé les activité suisses d'UBS.

Le temps est compté

En octobre 2021, les actionnaires de Credit Suisse ont validé son entrée au conseil d'administration de la banque aux deux voiles. Il a pris les commandes du comité des risques, alors que le groupe zurichois est échaudé par les déconfitures successives avec le fonds spéculatif Archegos et la société d'affacturage Greensill. L'année précédente, le directeur général Tidjane Thiam avait démissionné dans le sillage de l'affaire des filatures de cadres de la banque.

Axel Lehmann siège aussi au comité de gouvernance et des nominations, à celui du contrôle des délits financiers et de l'audit.

Avec cette nomination, il devra renoncer à la présidence de l'assureur Helvetia qu'il devait occuper à partir de 2023.

Pour le vice-président de Credit Suisse, le patron de Roche Severin Schwan, le nouveau président "est la personne idéale pour faire avancer la transformation stratégique et culturelle de la banque, grâce à sa large expérience du secteur (financier) à l'international et en Suisse".

Les investisseurs sanctionnaient cependant ce nouveau changement à la tête de Credit Suisse et la presse était peu tendre avec le nouveau président. "Axel Lehmann dispose de peu de temps pour sauver CS", écrit Inside Paradeplatz. Selon le portail d'informations financières, "celui qui voulait toujours devenir le patron d'une multinationale suisse, mais qui n'y est pas parvenu chez UBS et Zurich (Insurance), dispose enfin du pouvoir ultime".

Pour la Handelszeitung, le départ du dirigeant portugais était "inévitable" au vu de la perte de crédibilité. Et le journal s'interroge: "le nouveau président Axel Lehmann est-il la bonne personne pour diriger CS, (...) est-il plus qu'une solution provisoire"?

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