Zurich (awp) - Credit Suisse n'est apparemment pas exposé au défaut de paiement sur sa dette annoncé par la société de crédit-bail mexicaine Unifin, qui avait confirmé début juin avoir obtenu de la banque aux deux voiles une ligne de crédit d'un demi-milliard de dollars, destinée notamment à refinancer sa dette.

Interrogée vendredi sur l'opportunité et le risque d'accorder un tel prêt à un établissement ayant annoncé en février un défaut sur une obligation de 170 millions de francs suisses, la direction de la banque n'a pas souhaité faire de commentaire.

Dans un communiqué adressé à la Bourse de Mexico, Unifin avait indiqué mardi qu'au vu de son "accès limité à des sources de financement" le paiement du principal et des intérêts de sa dette était suspendu avec effet immédiat et "durant la période nécessaire pour négocier des accords définitifs avec ses créanciers pour une restructuration stratégique", et ce de manière "ordonnée et consensuelle".

La société de leasing mexicaine a également déclaré auparavant avoir convenu avec les détenteurs d'une obligation internationale de 200 millions de dollars le prolongement d'une échéance d'août 2022 à mai 2024, rappelle l'agence Reuters.

Mécanismes financiers complexes

Dans la dernière phrase de sa missive au gendarme boursier mexicain, l'entreprise a précisé qu'elle continuerait de se conformer aux "obligations de paiement dans le cadre de structures de titrisation privées sans recours". Selon une source proche des milieux bancaires, qui évoque des "mécanismes financiers très complexes", la ligne de crédit accordée par Credit Suisse correspond exactement à ce cas de figure.

Ce n'est pas le cas pour Crédito Real, un autre institut de crédit mexicain en liquidation, dont la dette cumulée se monte à plus de 2,6 milliards de dollars. Selon un document confidentiel de l'établissement, le numéro deux bancaire helvétique serait exposé à hauteur de 106 millions, ce qui le place au deuxième rang des créanciers "non garantis", loin devant d'autres groupes internationaux comme BNP (51 millions) ou Santander (10 millions).

Dans une prise de position écrite adressée à AWP, la direction de Credit Suisse avait alors assuré ne pas avoir "d'engagement de crédit substantiel avec l'entreprise mentionnée" et que "toute affirmation contraire est sans fondement".

Il y a une dizaine de jours, Credit Suisse a vu son rating de crédit dégradé coup sur coup par les agences de notation Moody's et Standard & Poor's, qui prédisent au numéro deux bancaire helvétique des jours difficiles dans le sillage du changement de son équipe de direction opéré après un nouveau partiel calamiteux.

Lors d'un point de situation avec les investisseurs fin juin, le directeur de la gestion des risques David Wildermuth avait salué les progrès réalisés par la banque après la débâcle des fonds Archegos et Greensill, même si de son propre aveu il restait "beaucoup à faire", notamment pour inscrire ces efforts dans la durée.

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