Londres (awp/afp) - La société britannique Greensill, spécialisée dans les financements de court terme pour les entreprises, a déposé le bilan au Royaume-Uni ce qui pourrait avoir des répercussions sur une multitude de ses clients, malgré un sauvetage possible par l'américain Apollo.

Le cabinet de conseil Grant Thornton a confirmé lundi dans un communiqué avoir été nommé administrateur de Greensill qui s'est placé sous le régime britannique des faillites dans la journée.

Les trois administrateurs du cabinet "continuent de discuter avec une entité en lien avec le rachat de certains actifs de Greensill Capital", est-il précisé, sans plus de détails.

Une source proche du dossier avait affirmé un peu plus tôt, à la suite d'informations de presse, que la société d'investissement américaine Apollo négociait le rachat des actifs les plus rentables du groupe en pleine déroute.

Selon le Financial Times, Greensill ne peut plus payer ses dettes et un sauvetage par Apollo ne concernera pas les prêts accordés au groupe GFG Alliance du magnat de l'acier Sanjeev Gupta.

Ce dernier est l'un des grands clients de Greensill et pourrait faire les frais de sa faillite, avec des milliers d'emplois menacés et une possible vente de ses actifs, dont l'usine Liberty Ascoval, à Hayange en France, selon la presse britannique.

L'inquiétude est grande au Royaume-Uni où Liberty Steel, qui appartient à M. Gupta, est l'un des principaux groupes de sidérurgie, avec 5.000 salariés.

La BBC indique que le sort de Greensill et de Liberty Steel préoccupe le gouvernement si bien que le ministre en charge des Entreprises Kwasi Kwarteng a tenu une réunion d'urgence dimanche avec le patron du sidérurgiste John Ferriman.

GFG Alliance, joint par l'AFP, n'était pas immédiatement disponible pour commenter ces informations. Vendredi, un porte-parole avait indiqué à l'AFP que les liquidités du groupe étaient satisfaisantes et les perspectives industrielles bonnes grâce à la reprise économique attendue post-Covid.

La faillite de Greensill devrait en outre coûter cher au japonais SoftBank qui avait investi 1,5 milliard de dollars dans la société.

Des finances opaques ___

La Banque d'Angleterre, qui régule les grandes banques britanniques, avait demandé quant à elle à ces dernières de l'informer de leur exposition à Greensill, mais n'a pas jugé qu'elle était significative, ce qui éloigne le risque de conséquences en cascade pour le système financier.

En revanche, la débâcle de Greensill pourrait avoir de graves répercussions sur ses clients. La société, citée dans une récente décision de justice australienne sur des contrats d'assurance, estimait que jusqu'à 50.000 emplois dont 7.000 en Australie étaient menacés.

Greensill, qui compte l'ex-Premier ministre britannique David Cameron parmi ses conseillers, a été lâché par un de ses assureurs et par plusieurs grandes institutions, comme Credit Suisse qui a commencé à liquider certains de ses fonds qui achetaient des obligations émises par Greensill et adossées sur ses créances.

Credit Suisse évoquait des "incertitudes considérables" sur la valorisation des actifs de Greensill dont le modèle d'activité est controversé.

Créée en 2011, avec son siège à Londres, Greensill possède des activités aux Etats-Unis et en Australie où la société est enregistrée et d'où est originaire son fondateur Lex Greensill.

Par ailleurs, la justice allemande a engagé des poursuites pénales. Le parquet de Brême, où Greensill Bank AG a son siège, avait indiqué à l'AFP avoir ouvert une enquête préliminaire sans en préciser les motifs.

Selon plusieurs médias allemands, le superviseur financier allemand, la Bafin, a déposé une plainte pénale contre la banque soupçonnée d'avoir falsifié son bilan.

Greensill n'est pas une banque à proprement parler, mais une société financière spécialisée dans la gestion de la trésorerie des entreprises.

Concrètement, elle leur prête de l'argent pour aider à payer les factures.

Dans les faits, Greensill paie pour le compte d'un client un fournisseur, lequel peut recevoir son paiement très vite en échange d'un léger rabais sur le facture.

Greensill se tourne ensuite vers l'entreprise "accompagnée" pour récupérer le montant total de la facture.

afp/rp