Londres (awp/afp) - Le secteur de la finance non-bancaire et donc non-réglementée auquel appartenait la société en faillite Greensill a grossi à toute vitesse ces dernières années et mériterait plus de surveillance, fait valoir le régulateur britannique des marchés (FCA).

"La croissance des organisations financières non bancaires s'est accélérée considérablement" ces dernières années, notamment dans la foulée d'un resserrement de la réglementation pour les banques après la crise financière, a relevé mercredi Nihkil Rathi, directeur général de la FCA, lors d'une audition parlementaire.

Ce secteur ne dépend pour l'instant pas de la supervision de la FCA qui dénonce "une rareté d'information" notamment en ce qui pourrait concerner le blanchiment d'argent, alors que les banques sont soumises à des obligations déclaratives, argumente M. Rathi.

A la question de savoir si la faillite de Greensill l'avait surpris, il a répondu qu'il y avait eu pendant toute l'année passée "des signes importants de détresse sur le marché" du financement de la chaine d'approvisionnement, même si "les spécificités" qui ont mené à la défaillance de Greensill n'étaient pas dans la ligne de mire du régulateur des marchés.

M. Rathi estime que le développement rapide de la finance "de l'ombre" (shadow banking) à savoir les institutions financières non bancaires telles que Greensill, ont bénéficié "d'un transfert de fonds massifs" hors du secteur bancaire qui pâtit notamment d'"un environnement de faibles taux d'intérêts" alors que les investisseurs "recherchent du rendement".

Ce secteur a aussi grossi en même temps que le secteur des fonds souverains et autres fonds d'investissements appartenant à des entités privées, note le patron de la FCA.

Enfin, les réformes financières qui ont fait l'objet "d'accords mondiaux" après la crise financière de 2009 ont été "mis en oeuvre de manière inégale si bien que personne ne peut avoir une vision mondiale", relève M. Rathi.

Le gendarme financier britannique mène actuellement une enquête sur la faillite de Greensill, estimant que certaines allégations sur les circonstances de cette défaillance "sont potentiellement de nature criminelle".

Mercredi, Nikhil Rathi a cependant expliqué qu'il n'était pas en faveur d'une réglementation de tout le secteur de la finance de chaine approvisionnement (supply chain finance), mais que toute entreprise financière non bancaire qui "interagit avec les marchés de capitaux" devrait "être regardée d'un peu plus près".

Greensill en particulier titrisait les créances qui servaient de collatéraux à ses prêts et les vendait à des investisseurs institutionnels comme Credit Suisse.

Lex Greensill, le fondateur de la société en faillite, s'est toutefois défendu de toute fraude mardi, interrogé lui aussi par la Commission parlementaire au Trésor, mais a endossé "l'entière responsabilité" de la défaillance de sa société.

Jeudi c'est l'ex-Premier ministre David Cameron qui sera interrogé par les parlementaires sur l'intense lobbying qu'il a mené au début de la pandémie auprès du gouvernement pour le compte de Greensill, dont il était conseiller.

afp/p