Zurich (awp) - L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) enquête sur l'établissement tessinois Banca Credinvest dans le cadre du scandale de corruption lié à la société pétrolière nationale du Venezuela PDVSA. Le gendarme financier a confirmé à AWP que des investigations sont en cours, après des révélations du portail d'informations judiciaire romand Gotham City.

La Finma est en contact avec "différentes banques suisses", dont Banca Credinvest, dans le contexte de l'affaire PDVSA. Diverses procédures sont en cours, notamment pour enquêter sur des indices précis de violations des réglementations sur le blanchiment d'argent en Amérique du Sud, affirme l'autorité dans une prise de position écrite.

Selon Gotham City, Banca Credinvest pourrait avoir été "infiltrée" par des Vénézuéliens soupçonnés de corruption, dont l'homme d'affaires Alejandro Betancourt, identifié comme un important actionnaire minoritaire de la banque fondée en 2004. Saisi dans cette affaire, le Tribunal administratif fédéral a rendu un arrêt à mi-septembre.

Une demande d'entraide de la justice américaine envoyée au printemps 2018 avait mis la puce à l'oreille de la Finma, précise l'arrêt du TAF mis à disposition par Gotham City. Après des vérifications préliminaires, le gendarme financier a lancé une enquête approfondie - ou mesure d'enforcement - contre Banca Credinvest en novembre de la même année.

Credit Suisse et Julius Bär épinglés

Le Département de justice américain (DoJ) s'intéressait à des virements suspects passés entre 2012 et 2013. Deux sociétés appartenant à Alejandro Betancourt auraient ainsi reçu un total de 124 millions de dollars. Cette demande d'entraide s'inscrit dans le sillage d'une vaste enquête portant sur un détournement de 4,5 milliards de dollars appartenant à PDSVA.

La Finma n'a pas encore bouclé sa procédure contre Banca Credinvest, qui devra déterminer si les actionnaires minoritaires de Banca Credinvest ont exercé une influence afin de permettre des transactions contrevenant aux prescriptions contre le blanchiment d'argent, affirme le portail d'informations.

Estimant que l'enquête de la Finma pourrait l'"affecter personnellement", Alejandro Betancourt avait demandé à avoir accès au dossier, essuyant un refus de l'autorité de surveillance, selon l'article. L'homme d'affaires se serait tourné vers le Tribunal cantonal de Saint-Gall, puis le TAF, qui l'ont tour à tour désavoué. Un recours au Tribunal fédéral est encore possible.

La Finma ne se prononce pas sur le détail des ses activités de surveillance, ni sur les noms des personnes, précise-t-elle.

En février dernier, l'autorité a épinglé Julius Bär après avoir constaté des "graves manquements en matière de lutte contre le blanchiment d'argent" du gestionnaire de fortune zurichois dans l'affaire PDSVA. Credit Suisse avait également mis à l'index par le gendarme financier en septembre 2018 dans les cadre de ce scandale.

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