Paris (awp/afp) - L'établissement américain Silicon Valley Bank (SVB) a retrouvé un repreneur lundi, et les marchés retiennent leur souffle après un vendredi noir pour les actions bancaires. Etat des lieux après trois semaines de remous.

SVB racheté

La banque SVB, par laquelle la panique a débuté, va être rachetée par sa compatriote First Citizens, connue pour ses reprises d'établissements en difficulté ces dernières années.

First Citizens va reprendre les 17 agences, "l'intégralité des dépôts et prêts" de SVB, a annoncé le régulateur bancaire américain (FDIC) dans la nuit de dimanche à lundi.

L'an dernier, First Citizens avait fusionné avec le groupe CIT, créant un établissement de quelque 110 milliards de dollars d'actifs selon FitchRatings, et devenant la plus grosse banque sous contrôle familial aux Etats-Unis.

Après les défaillances rapprochées de trois banques de taille moyenne aux Etats-Unis, SVB mais aussi Silvergate et Signature Bank, la crainte de voir certains clients retirer leur argent en masse a lourdement pesé sur des établissements au profil similaire.

Autre établissement sous tension, la banque régionale First Republic a vu sa valorisation fondre de 80% en quelques jours.

Credit Suisse: les dirigeants sous pression

Le président de la Saudi National Bank (SNB), premier actionnaire de Credit Suisse, a démissionné "pour des raisons personnelles", a indiqué lundi la banque dans un communiqué.

Le 15 mars, Ammar al-Khudairy avait affirmé que SNB n'augmenterait pas sa part de 9,8% dans Credit Suisse pour des raisons réglementaires. Ces déclarations avaient fait plonger le cours de l'action de la banque helvétique.

L'annonce rapide d'une aide de 54 milliards de dollars par la banque centrale suisse n'avait pas permis de rassurer les investisseurs. Le dimanche 19 mars, au terme de négociations intenses, les autorités ont finalement annoncé le rachat de Credit Suisse pour une bouchée de pain par UBS, le premier groupe bancaire du pays.

Mais les dirigeants de Credit Suisse restent sous pression: la Finma, régulateur suisse du secteur financier, étudie désormais la possibilité de leur demander des comptes suite à la débâcle de l'établissement, a indiqué sa présidente dans la presse suisse dimanche.

Deutsche Bank repart dans le vert

Lundi matin à la Bourse de Francfort, le cours de Deutsche Bank repartait dans le vert, sans toutefois parvenir à compenser totalement la chute de la semaine écoulée.

Le titre de la première banque allemande a terminé vendredi en baisse de plus de 8,5%, après avoir plongé jusqu'à 14% dans la journée.

Un effet collatéral de la crise bancaire la plus grave depuis 2008, selon les analystes du secteur, qui pointent du doigt les craintes d'une crise potentielle de liquidités.

Lundi, le retour dans le vert concernait l'ensemble des banques européennes. En fin de matinée, leur indice sectoriel, le Stoxx Europe 600/Banks, gagnait ainsi plus de 1%.

Effets sur la croissance?

Le président de la banque centrale américaine Jerome Powell a reconnu lors de la dernière réunion de la Fed, il y a quelques jours, le risque d'un "resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises", avec des conséquences potentielles sur l'économie.

"Le tumulte dans le secteur bancaire pourrait avoir des conséquences sur la croissance, mais qui demeurent très limitées en zone euro et au Royaume-Uni", estimait de son côté un rapport de Goldman Sachs il y a quelques jours.

Néanmoins, "jusqu'à maintenant, la santé du secteur bancaire en zone euro et au Royaume-Uni semble se maintenir, avec un impact limité sur d'autres parties de l'économie", décrit ce rapport.

La crise bancaire a notamment pour cause la hausse des taux d'intérêt, qui a mécaniquement fait décroître la valeur des obligations détenues par les banques. Or les banques centrales poursuivent le resserrement monétaire face à l'inflation: la Banque d'Angleterre a elle aussi remonté son taux directeur jeudi, imitant la Fed, la BCE et les banques centrales en Suisse et en Norvège.

afp/buc