Zurich (awp) - Les banques Credit Suisse et UBS, parmi d'autres établissements internationaux de renom, continuent de financer des projets en Arctique, une "zone critique dans la lutte contre le dérèglement climatique", accuse l'organisation non gouvernementale (ONG) Reclaim Finance jeudi.

Les conclusions d'une étude de grande ampleur révèlent qu'entre 2016 et 2020, 314 milliards de dollars ont été alloués à des entreprises comme Gazprom et Totalenergies, qui y développent de nouveaux projets pétro-gaziers. La production doit être augmentée de 20% d'ici cinq ans.

Selon les calculs de Reclaim Finance à partir de données de Rystad Energy, la production de pétrole et de gaz en Arctique devrait augmenter de 11,5 millions de barils en équivalent pétrole (mmboe) par jour à 13,7 mmboe par jour en 2026.

"Malheureusement, les gros pollueurs se développent en Arctique grâce aux banques, investisseurs et assureurs et ce malgré leurs grands discours sur le climat et sur l'Arctique", regrette Alix Mazounie, auteure du rapport et chargée de campagne chez Reclaim Finance.

"Ces soutiens financiers massifs vont à l'encontre des recommandations des scientifiques et de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) pour un arrêt immédiat dans le développement de nouveaux projets de production pétrolière et gazière", alerte l'ONG. Elle comptabilise plus de 20 entreprises cherchant à développer de nouveaux champs pétroliers et gaziers dans la région Arctique. 

Credit Suisse s'engage

Credit Suisse et UBS ne figurent toutefois pas parmi les banques commerciales investissant le plus.

La banque aux deux voiles a investi 3,6 milliards de dollars entre 2016 et 2020, finançant 14 des 20 plus grands projets menés sur ce territoire, portés par les entreprises Shell, Totalenergies et Gazprom, selon les données de l'étude.

Contacté par AWP, le groupe a néanmoins rappelé s'être engagé en 2020 à ne plus financer de projets pétro-gaziers en mer et sur terre dans la région Arctique. D'ici 2050, il veut parvenir à la neutralité carbone de ses opérations, de sa chaîne logistique et de ses activités de financement.

Son homologue aux trois clés a pour sa part déboursé 2,9 milliards sur la même période, apportant son soutien à Shell, Totalenergies et Equinor.

Le top 10 est mené par JPMorgan Chase, avec 18,6 milliards, suivi de VTB Group, Sberbank, Barclays, Gazprombank, Citigroup, BNP Paribas, Bank of China, Morgan Stanley et Goldman Sachs. Côté investisseurs, les gestionnaires d'actifs Blackrock, Vanguard et Amundi (Crédit Agricole) sont ceux allouant le plus de fonds à ces projets controversés.

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