Zurich (awp) - Credit Suisse serait proche de signer un accord avec la justice américaine dans le cadre de scandale des crédits cachés au Mozambique, croit savoir mardi Bloomberg sur la base de sources dites proches du dossier. Les discussions entre le numéro deux bancaire helvétique et les autorités judiciaires des Etats-Unis porteraient sur un accord de poursuites différées ainsi qu'une peine pécuniaire.

L'accord entre les parties pourrait déjà être dévoilé mardi, poursuit l'agence de presse américaine. Il fait suite aux poursuites lancées aux Etats-Unis concernant le rôle de Credit Suisse dans des arrangements de prêts à hauteur de deux milliards de dollars accordés au Mozambique et destinés à divers projets navals, ainsi que la construction de navires de pêches au thon et de surveillance côtière, qui auraient été surfacturés.

Les crédits octroyés à des entreprises publiques du pays de l'est de l'Afrique par divers établissements bancaires, dont Credit Suisse, ont été délibérément cachés au parlement du Mozambique et Fonds monétaire international (FMI). Lorsqu'il est apparu que le gouvernement avait emprunté l'argent en secret, le Mozambique, qui dépend de l'aide internationale, a été précipité dans la pire crise financière de son histoire, les donateurs ayant suspendu leur aide.

Le Département de la justice (DoJ) américain avait estimé que plus de 200 millions de dollars avaient été frauduleusement versés dans le cadre de ce scandale à des officiels mozambicains et à des banquiers d'investissement. En 2019, un ancien banquier de la représentation londonienne de Credit Suisse, témoin principal du gouvernement américain dans le cadre de la procédure, a admis une responsabilité dans l'arrangement de prêts accordés en échange de 45 millions de dollars de dessous de table.

Cette affaire de crédits secrets pour la pêche au thon fait aussi l'objet de procédures judiciaires en Suisse, au Royaume-Uni et au Mozambique, lesquelles ont conduit à l'arrestation de plus de 20 personnes, dont l'ancien ministre mozambicain des Finances Manuel Chang, détenu en Afrique du Sud. Ce dernier est accusé d'avoir perçu plusieurs millions de dollars de pots-de-vin.

Credit Suisse a estimé que ses ex-collaborateurs basés en Grande-Bretagne ont accordé des prêts au Mozambique à l'insu de l'établissement et de la direction du groupe, déjouant les contrôles internes habituels. Enquêtant sur cette affaire en Suisse, le Ministère public de la Confédération (MPC) a ouvert une procédure pénale contre inconnus pour des soupçons de blanchiment d'argent sur la base d'informations du Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent (Mros) et d'une demande d'entraide judiciaire de la République du Mozambique.

En mai 2020, la Cour constitutionnelle du Mozambique a déclaré nulle et non avenue des crédits de 1,4 milliard de dollars illégalement contractés par les sociétés publiques locales ProIndicus, Ematum et Mam. Huit mois plus tard, un homme d'affaires libanais qui a fourni des navires au Mozambique grâce à ces prêts a été acquitté par un tribunal new-yorkais qui l'accusait d'avoir ensuite vendu la dette mozambicaine à des investisseurs américains. Selon les procureurs, les contrats navals avaient été gonflés et 200 millions de dollars avaient fini dans les poches d'intermédiaires, y compris d'anciens banquiers du Credit Suisse.

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