Commençons par la "class action" américaine. En préambule, il faut rappeler qu'un important business s'est développé aux Etats-Unis autour des actions en nom collectif d'actionnaires. Quand une valeur chute lourdement en bourse, de nombreux cabinets d'avocats proposent leurs services aux investisseurs qui ont perdu des plumes, à grand renfort de communiqués de presse. Parfois, cela n'aboutit à rien, mais parfois au dépôt effectif d'une "class action". Il arrive aussi qu'une transaction financière soit conclue entre les plaignants et la société.

Des cabinets sur la brèche depuis décembre 
 
Pour en revenir au cas de DBV Technologies, dès décembre, les bureaux Rosen, Howard G. Smith, Glancy Prongay & Murray, Bronstein, Gewirtz & Grossman ou The Schall Law avaient encouragé les actionnaires mécontents du retrait de la demande de mise sur le marché de Viaskin Peanut à prendre contact avec eux, pour préparer une "class action". Schall s'adressait spécifiquement aux "investisseurs ayant perdu plus de 100 000 USD". Leurs communiqués ont été diffusés via les canaux habituels, notamment Businesswire. 

Il ne s'était pas passé grand-chose jusqu'au 15 janvier, date à laquelle Rosen a annoncé le dépôt d'une class action pour le compte d'investisseurs, positionnés sur le dossier aux Etats-Unis entre le 14 février et le 19 décembre 2018. D'autres plaignants ont jusqu'au 18 mars prochain pour rejoindre la procédure. Les avocats estiment que les déclarations de DBV concernant ses opérations, ses activités et ses perspectives étaient erronées et trompeuses, puisque la société a dû retirer sa demande de mise sur le marché pour n'avoir pas apporté suffisamment de précisions à la FDA concernant ses procédures de fabrication et son contrôle qualité. Hier, Howard G. Smith et Bronstein, Gewirtz & Grossman ont également sauté le pas, mais pour les actionnaires positionnés entre le 22 octobre et le 19 décembre 2018. L'argumentaire est toutefois intégralement identique à celui de Rosen.
 
L'existence de cette action collective n'est pas vraiment une bonne nouvelle, mais rien ne dit qu'elle aboutira. Les investisseurs qui misent sur les biotechnologies savent qu'ils sont exposés à des aléas supérieurs à la moyenne. Toutefois, l'issue des débats est juridique et dépend de la capacité de DBV à démontrer que sa communication a été conforme aux exigences réglementaires.

Un retard à financer
 
Venons-en à notre second point. Oddo BHF a publié hier une étude de 80 pages pour dresser un état des lieux de son univers de couverture en biotechnologies. Dans le cadre de la revue d'effectif, le bureau d'études a abaissé d'acheter à neutre sa recommandation sur DBV, en réduisant de 78 à 15 EUR son objectif (qui reste supérieur aux niveaux actuels, donc). Les conséquences du décalage de l'AMM de Viaskin Peanut aux Etats-Unis expliquent majoritairement ce grand écart de valorisation. Oddo estime que le traitement ne générera ses premières ventes que fin 2020 ou début 2021, alors que la trésorerie de la société ne court que jusqu'au 3ème voire au 4ème trimestre 2019. Il faudra donc lever des fonds dès cette année. Ce n'est pas une fatalité, mais cela remet en cause la perception du dossier, du moins à court terme. L'analyste en charge du dossier pense que DBV pourrait aussi sécuriser son avenir via un emprunt du type de celui signé par son grand rival Aimmune avec KKR. Mais il faudra pour cela que le nouveau calendrier de Viaskin Peanut soit établi avec certitude. En attendant, l'ex-pépite rentre dans le rang. Le tableau qui suit montre le gros trou d'air de décembre et la chute de l'objectif moyen des analystes :