C’est chose faite, avec un exercice fiscal qui voit le groupe assurer un cash-flow à l’équilibre malgré une perte d’exploitation substantielle. La performance contraste avec les cinq exercices annuels précédents, au cours desquels le cash-burn cumulé a presque atteint deux cent millions d’euros.

Cette séquence difficile a valu à Deezer — un temps l’une des plus fameuses « licornes » françaises — une capitalisation boursière en érosion permanente, et une valeur d’entreprise désormais divisée par six en six ans. 

Un avantage notable du groupe est son actionnariat. Au premier rang et avec 40% du capital vient l’homme d’affaires d’origine ukrainienne Leonard Blavatnik, déjà aux commandes de Warner Music. Suivent derrière le prince saoudien Al-Walid avec 11% du capital, Orange avec 8%, et la famille Pinault avec 3%.

La page Wikipédia consacrée à Blavatnik laisse songeur. L'intéressé "a fait sa fortune initiale aux côtés d'autres oligarques russes, lors de la privatisation des actifs d'aluminium et de pétrole appartenant à l'État après l'effondrement de l'Union soviétique." Tout un programme !

En 2024, Deezer affiche un chiffre d’affaires en hausse de 12% grâce à son segment partenariats, c’est-à-dire ses activités marketing et publicité. Son segment abonnements connaît lui une croissance plus timide, en réalité tirée par des hausses de prix puisque le nombre d’abonnés diminue de 10 à 9.7 millions.

Sur une base directe, c’est-à-dire hors partenariats, le nombre d’abonnés reste stable à 5.3 millions. Cependant, les deux-tiers de ces derniers sont en France. Face à Spotify et Apple, Deezer a forcément du mal à s’exporter hors des frontières de l’hexagone. 

La croissance du chiffre d’affaires en 2024 affiche par ailleurs un rythme moins soutenu qu’en 2023. A l’époque, Deezer avait ajouté quinze millions d’euros de revenus entre le premier et le dernier trimestre. Cette année, il n’ajoute que sept millions d’euros de revenus entre le début et la fin de l’exercice fiscal.