L’équipementier automobile franc-comtois a publié vendredi après clôture un chiffre d’affaires semestriel de 84 M€, en baisse de 27% à comparer à une production automobile mondiale qui a reculé de 35 %. Après un bon début d’année, les ventes ont chuté de 56% au 2e trimestre et depuis la remontée est progressive avec un quasi-retour à la normale en septembre.

Côté résultat, l’opérationnel est resté dans le vert, à +1,4 m€ (soit 1,7 % du CA) impacté par la baisse des volumes que la diminution des charges externes (-3,6 M€) et de personnel (-6,2 M€) n’ont que partiellement compensé. Le résultat net est en revanche passé dans le rouge (-1,4M€), coût de la dette (-1,8M€) oblige.

Un poids de la dette qu’investisseurs et analystes reprochent souvent à Delfingen et que le Groupe est parvenu à réduire sous les 50M€ (49,2 M€ hors IFRS 16) aidé par une baisse d’activité, le BFR représentant 15% du CA chez Delfingen.

Pour la fin de l’exercice, le groupe se montre confiant, évoquant une reprise en V avec une bonne fin d’année en perspective très proche de celle de 2019, bien qu’inférieure à ce qui était prévu avant la Covid.

Source présentation des semestriels 2020

Mais le principal intérêt de la réunion n’était pas là. Le Groupe a détaillé ses ambitions 2021 et 2022 après intégration dès septembre 2020 (impact CA 2020 25 M€, neutre en résultat) d’une partie de son concurrent historique, Schlemmer. Une centaine de M€ de CA sont repris de ce groupe qu’un fonds actionnaire, 3I, avait lancé à corps perdu depuis 2013 dans un plan de croissance avec 800 M€ de CA visés en 2024.

Avec cette acquisition, réalisée pour une vingtaine de millions d’euros contre une quarantaine de valeur comptable des actifs repris (soit 20 M€ environ de résultat exceptionnel à attendre sur 2020, sans impact cash), Delfingen va quasiment doubler sa part de marché mondiale, autour de 10%, devenant ainsi 3 à 4 fois plus gros que son 1er concurrent direct.

Une belle position que le Groupe doit maintenant valoriser auprès de ses clients afin tout d’abord de redresser les marges de la cible, dont les performances seraient alignées sur Delfingen d’ici 2023, et de viser en 2024 un quasi-doublement de CA, à 400 M€ pour une marge opérationnelle supérieure à 9%. Entre temps, le Groupe prévoit au moins 5% de marge opérationnelle en 2021 pour 320 à 325 M€ de CA. Des perspectives valorisées moins de 4x l’Ebitda et 3x le RN (PER 2021) d’après l’analyste d’Euroland. Le titre a commencé à combler une partie du retard avec une hausse de plus de 8% ce lundi, autour des 16€.

Enfin, le management a détaillé le prix d’acquisition, 21 M€ dont 18M€ pour les seuls actifs, et surtout son financement qui comprendra une augmentation de capital de 2 M€ avec maintien du DPS et une participation toute particulière des managers du nouvel ensemble. De quoi relancer la dynamique et rehausser les ambitions d’un groupe de plus en plus tourné vers l’électrification et l’autonomisation des véhicules, légers et maintenant lourds avec Schlemmer.



L'auteur est actionnaire de la société.