Le rachat se fait sur la base d’une valorisation de £2.9b, ou 180 pence par action. C’est une sortie que d’aucuns jugeraient décevante puisque le titre, on s’en souvient, avait atteint quelques mois après son IPO un plus-haut de £3.9 sur la bourse de Londres.

D’autres seront plus cléments. Dans le très brutal secteur de la livraison de repas à domicile, Deliveroo, rappelions-le, est depuis longtemps un favori de Zonebourse. Voir à ce sujet Deliveroo plc : Changement de posture et Uber, Just Eat, Deliveroo, Delivery Hero : Livraisons Ratées.

C’est que le britannique se distinguait de ses pairs par une stratégie d’expansion prudente, rationnelle et de bon aloi, sans acquisitions à tout-va ni surpayées. Concentré sur sa croissance organique, il vivait dans la limite de ses moyens et s’employait à défendre ses parts de marché.

Si elle n’est pas encore rentable, sa croissance raisonnée — qui n’en reste pas moins spectaculaire — lui a permis d’éviter l’ornière dans laquelle se sont jetés ses concurrents européens Just Eat et Delivery Hero, qui tous deux ont eu les yeux plus gros que le ventre.

Il n’empêche que cette expansion avait atteint un pic l’an dernier, en même temps que le groupe mettait ses comptes à l’équilibre — pour la première fois de son histoire — et initiait un programme de rachats d’actions. Nous avions alors souligné que selon toute vraisemblance, il se préparait de la sorte à un rachat

Celui-vi valorise Deliveroo à x1.4 son chiffre d’affaires. L’acquéreur DoorDash, lui, est valorisé à x7.6 le sien. L’américain, qui réalise un chiffre d’affaires cinq fois supérieur à celui du britannique, a lui aussi mis ses comptes à l’équilibre l’an dernier. 

Zonebourse notait cependant avec une pointe de cynisme dans DoorDash a-t-il enfin validé son modèle économique ? que le groupe versait des rémunérations en stock-options tout à fait délirantes, puisque celles-ci représentent un dixième du chiffre d’affaires — du chiffre d’affaires, pas du profit. 

La consolidation du secteur se poursuit en tout cas à bon rythme. Plus tôt cette année, Prosus rachetait Just Eat pour x1.1 son chiffre d’affaires ; c’est qu’ici, Just Eat continue d’afficher des comptes d’exploitation profondément dans le rouge. 

Reste Delivery Hero, lui aussi au régime sec après des années d’excès et d’acquisitions tous azimuts. Nous faisions il y a quelques semaines le point sur sa situation dans Delivery Hero donne des gages et reprend du souffle.

Quoiqu’il en soit, et comme d’habitude hélas, ce sont les américains Uber Eats et DoorDash qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Le premier peut subventionner le développement de son activité de livraison de repas grâce aux plantureux profits de son activité taxis ; le second, pour sa part, continue de bénéficier d’une confiance sans borne des investisseurs malgré un historique de profitabilité pas encore convaincant.