La société japonaise Dentsu est au moins l'une des entreprises qui a demandé à bénéficier de ce programme, a déclaré l'une de ces personnes. Dentsu s'est refusé à tout commentaire.
Mardi et mercredi, la Commission indienne de la concurrence a effectué des perquisitions dans les bureaux locaux de GroupM, Interpublic, Publicis et Dentsu, qui appartiennent à WPP, ainsi que dans ceux de l'IBDF, un organisme de radiodiffusion indien de premier plan, en raison de soupçons de collusion sur les prix des publicités et les remises.
Les trois sources ont déclaré que l'enquête de la CCI était liée au programme de clémence de l'organisme de surveillance, qui permet une exonération totale des sanctions pour la première entreprise qui apporte des preuves de malversations, et des exonérations moindres pour les suivantes, une fois que l'affaire est close.
L'une des sources ayant une connaissance directe de l'affaire a déclaré que Dentsu a présenté une demande de clémence vers février de l'année dernière et a divulgué des preuves relatives à des accords sur les prix entre l'organisme sectoriel Advertising Agencies Association of India et l'IBDF, qui dictaient les conditions des remises pour gagner des clients dans le domaine de la publicité.
"Si les agences de médias voulaient faire des affaires, elles devaient suivre ces lignes directrices", a ajouté cette personne, faisant référence à ce qu'elle considérait comme un accord anticoncurrentiel potentiel.
La CCI n'a pas répondu aux questions de Reuters. L'AAAI et l'IBDF, qui ont toutes deux fait l'objet d'une perquisition dans le cadre de la mesure d'application de la loi cette semaine, n'ont pas non plus répondu.
Le géant de la publicité GroupM, l'unité IPG Mediabrands du groupe américain Interpublic et le groupe français Publicis n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.
Il n'est pas certain que d'autres entreprises aient présenté des demandes de clémence similaires.
L'IBDF représente les principaux radiodiffuseurs nationaux, notamment la coentreprise Reliance-Disney du milliardaire Mukesh Ambani, Sony et Zee Entertainment.
La CCI ne rend pas publics les détails de ses enquêtes sur la fixation des prix et procède à des perquisitions pour saisir des preuves potentielles. Dans la dernière affaire en date, les perquisitions ont duré plus de 24 heures dans la nuit de mardi à mercredi.
L'Inde est le huitième marché publicitaire au monde, avec des recettes de 18,5 milliards de dollars l'année dernière, qui devraient croître de 9,4 % en 2025, selon les estimations de GroupM.
L'enquête, qui devrait durer des mois, intervient alors que le paysage publicitaire indien a connu de profonds bouleversements à la suite de la fusion, pour 8,5 milliards de dollars, des actifs médiatiques indiens de Walt Disney et de Reliance, l'entreprise combinée détenant, selon les estimations, une part de 40 % du marché publicitaire dans les segments de la télévision et de la diffusion en continu.
Si elles sont reconnues coupables, les agences médias peuvent être tenues de payer une pénalité pouvant aller jusqu'à trois fois leur bénéfice pour chaque année au cours de laquelle la collusion a eu lieu, ou 10 % de leur chiffre d'affaires pour chaque année d'infraction, le montant le plus élevé étant retenu.
En 2018, Anheuser-Busch InBev (AB InBev) a informé la CCI de l'existence d'un cartel dans le secteur de la bière, ce qui a déclenché des enquêtes impliquant Carlsberg et United Breweries. En contrepartie, AB InBev a obtenu une exonération totale des sanctions en 2021. (Reportage d'Aditya Kalra, édition de Mark Potter)