Francfort (awp/afp) - La deuxième banque allemande Commerzbank a annoncé jeudi une perte nette au troisième trimestre, alors qu'elle est engagée dans une restructuration et des réductions de coûts qui vont se poursuivre jusqu'en 2021 au moins.

De juillet à septembre, la banque a perdu 69 millions d'euros, contre un gain de 297 millions un an auparavant.

Les recettes ont reculé de 7% sur un an, à 2,03 milliards d'euros, en raison du ralentissement des activités avec la clientèle d'entreprises, provoqué par la crise sanitaire.

La banque, qui a beaucoup dépensé pour élargir sa base de clients privés et professionnels ces dernières années, voit cependant une "stabilisation" des recettes s'opérer hors effets exceptionnels, a expliqué Bettina Orlopp, directrice financière de la banque, lors d'une conférence téléphonique.

La base financière de l'établissement reste elle solide, avec un ratio de fonds propres réglementaires de 13,5% à fin septembre, bien supérieur au minimum exigé et laissant "une grande marge de manoeuvre pour amortir les effets de la crise comme pour parer à d'éventuelles restructurations", a-t-elle ajouté.

Commerzbank a maintenu sa prévision de perte nette sur l'ensemble de l'année, qui serait la première depuis 2009, et après un gain net de 644 millions d'euros l'an dernier.

Face à la hausse des créances douteuses nées du contexte économique dégradé, la couverture du risque s'envole cette année, avec 1,07 milliard accumulé à fin septembre. La banque table sur un montant annuel "entre 1,3 et 1,5 milliard d'euros", susceptible d'évoluer "en fonction de l'évolution de la pandémie de coronavirus".

La banque au logo jaune, détenue à près de 16% par l'Etat allemand, doit comme sa rivale Deutsche Bank redoubler d'efforts pour diminuer ses coûts, tout en accélérant le virage vers le numérique.

Lors du dernier trimestre, elle a fermé définitivement 200 agences qui avaient dû cesser d'opérer en raison de la pandémie du coronavirus.

Les suppressions d'emplois se sont élevées à 750 depuis l'automne 2019, quand la banque avait annoncé le départ net de 2.300 personnes en équivalent temps plein, à réaliser sur plusieurs années. Elle comptait encore 39.600 employés à fin septembre.

La banque a ainsi dépensé 201 millions d'euros pour sa restructuration au troisième trimestre, et 302 millions depuis janvier.

"J'imagine bien que nous aurons d'autres coûts de restructuration au quatrième trimestre", a prévenu Mme Orlopp. Un plan pour faire partir mille salariés supplémentaires va être lancé sur la période.

La tâche de remettre la banque sur les rails reviendra au nouveau patron à compter de 2021, Manfred Knof, en provenance de Deutsche Bank.

Il remplacera Martin Zielke, démissionnaire depuis juillet après avoir essuyé de vives critiques de fonds actionnaires sur les piètres performances de la banque.

"D'autres réductions de coûts seront un élément important" du nouveau plan stratégique attendu au premier trimestre 2021, a indiqué Mme Orlopp.

Les investisseurs n'ont guère apprécié ces informations, le titre reculant jeudi à Francfort de 5,80% à 4,01 euros à 12H30 GMT, figurant bon dernier dans l'indice MDax des valeurs moyennes.

afp/rp