Francfort (awp/afp) - Les difficultés s'aggravent pour Commerzbank, la seconde banque allemande ayant de la peine à trouver une nouvelle équipe de direction après les démissions soudaines de ses deux principaux représentants en pleine crise du coronavirus.

L'établissement francfortois, en crise depuis des années et qui compte l'Etat allemand à son capital, s'est borné mercredi soir à acter dans un communiqué le départ d'ici la fin 2020 de son président du directoire, Martin Zielke, qui avait proposé sa démission à la veille du week-end.

Il a été précisé que l'actuel PDG souhaitait continuer à exercer ses fonctions jusqu'à ce qu'un successeur soit nommé et ce "au plus tard au 31 décembre 2020".

Il n'est rien ressorti d'autre d'une réunion du conseil de surveillance ayant démarré en matinée et qui se poursuivait mercredi soir.

Cette réunion extraordinaire répondait à un avis de tempête qui a déstabilisé l'établissement ces derniers jours.

Outre Martin Zielke, le président du conseil de surveillance, Stefan Schmittmann, a également annoncé sa démission par surprise vendredi dernier.

La banque doit d'abord se trouver un nouveau président du conseil de surveillance d'ici le 3 août.

Elle devra pour cela sans doute chercher un candidat externe, faute d'un candidat prêt à prendre cette fonction au sein du conseil existant, selon l'entourage de Commerzbank.

Une fois installé seulement, le prochain premier contrôleur de la banque décidera du nom du futur président du directoire.

Cette double démission constitue un constat d'échec pour Commerzbank qui fait suite notamment au projet de fusion avorté de 2019 avec le rival Deutsche Bank et intervient dans un climat de critiques croissantes des actionnaires face à une stratégie qui ne produit pas de résultats jusqu'ici.

Les investisseurs espèrent désormais un rebond. Le titre Commerzbank, coté à l'indice des valeurs moyennes de la Bourse de Francfort, le MDax, a gagné plus de 10% depuis la fermeture vendredi, à 4,65 euros. Il reste toutefois sur un repli de près de 50% depuis le début du mandat de M. Zielke.

"Banque faible"

La presse s'interroge sur la nouvelle direction qui sera désignée à la tête de la banque au logo jaune, et sur les réductions de coûts qui se profilent.

Commerzbank doit faire face à l'impact économique lié à l'épidémie de nouveau coronavirus, qui lui complique encore la tâche, dans le contexte déjà défavorable pour elle de taux d'intérêt au plus bas. Son modèle, fortement axé sur le crédit classique, en souffre particulièrement.

"Une banque faible cherche des gens forts", titre le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui dépeint M. Zielke comme un "leader sans motivation".

Deux membres du directoire sont évoqués pour lui succéder: le Néerlandais Roland Boekhout, arrivé cette année pour piloter la clientèle entreprises en ayant dirigé auparavant la filiale allemande de la banque en ligne ING, forte de 8 millions de clients.

Et puis Betinna Orlopp, qui a elle gravi les échelons dans la banque pour en devenir directrice financière depuis mars.

Mais la banque pourrait aussi chercher un profil venu de l'extérieur.

Stratégie critiquée

M. Zielke et M. Schmittmann ont cédé face à la pression d'actionnaires, en premier lieu le fonds américain Cerberus, détenant 5% de la banque, qui a fustigé ses performances.

Ces critiques sont partagées jusqu'au sommet de l'Etat à Berlin, indique le quotidien FAZ.

L'Etat allemand avait déjà sauvé Commerzbank de la faillite pendant la grande crise financière de 2008, devenant son principal actionnaire.

Or, la banque n'est pas parvenue depuis à dégager assez de rentabilité pour s'affirmer dans un paysage bancaire allemand dominé par les caisses d'épargne publiques.

L'échec en mai de la vente de sa pépite polonaise mBank, faute d'offres suffisantes, a compliqué le financement de sa stratégie.

Sur le front des mesures d'économies, la presse évoque la réduction à 500 du nombre d'agences en Allemagne, contre 1.000 actuellement, la crise du coronavirus ayant accéléré le recours aux services bancaires en ligne.

S'ajouteraient 10.000 suppressions de postes dans un groupe bancaire employant à la fin mars 39.800 personnes à temps plein, dont plus des deux-tiers en Allemagne.

afp/rp