En réduisant sa participation de près 10% pour la ramener à environ 8,8%, HNA n'est plus à égalité avec la famille royale du Qatar, désormais premier actionnaire de la banque allemande.

Le conglomérat chinois, dont les activités vont de l'aviation à l'immobilier en passant par la finance, est confronté à une crise de liquidités après avoir déboursé 50 milliards de dollars (40 milliards d'euros) en acquisitions au cours des deux dernières années.

Le mois dernier, une source a indiqué que le conglomérat avait informé des créanciers qu'il pourrait faire face à un déficit de liquidités d'au moins 15 milliards de yuans (1,9 milliard d'euros) au premier trimestre.

Un porte-parole de HNA n'a pas répondu dans l'immédiat aux demandes de Reuters.

"Une réduction supplémentaire de notre participation n'est pas prévue. HNA continuera d'être un important investisseur dans Deutsche Bank", a déclaré un porte-parole de C-Quadrat, le gérant d'actifs chargé de cette participation.

La réduction de la participation de HNA devrait être accueillie avec soulagement en Allemagne, où les autorités ont tiré la sonnette d'alarme sur l'actionnariat opaque et le niveau d'endettement du groupe chinois.

Selon deux sources informées du dossier, la BaFin, l'organisme de tutelle du secteur financier allemand, a mené une enquête sur HNA pour déterminer si le groupe avait correctement informé les autorités sur ses prises de participation. En Suisse, la commission des OPA, dans un autre dossier, a déclaré que le conglomérat avait communiqué de fausses informations.

Même si le prix auquel HNA a acquis sa participation dans Deutsche Bank en février 2017 n'a pas été rendu public, l'investissement n'a sans doute pas été fructueux puisque l'action de la banque a perdu 23% depuis.

Deutsche Bank a demandé une nouvelle fois ce mois-ci aux investisseurs de faire preuve de patience après avoir accusé en 2017 sa troisième perte annuelle consécutive.

L'endettement de HNA inquiète certains analystes et l'agence S&P a abaissé en novembre la note de crédit du conglomérat, évoquant un "profil de liquidité qui se détériore" face à des échéances de dettes croissantes cette année.

Les conglomérats comme HNA ont bénéficié du soutien de Pékin et de l'argent bon marché lorsque la Chine cherchait à créer des champions mondiaux mais, depuis plus d'un an, le régime a fait volte-face, mettant désormais l'accent sur la réduction de l'endettement du pays.

(Avec Tom Sims à FrancfortBertrand Boucey et Claude Chendjou pour le service français)

par Arno Schuetze et John Ruwitch