italienne

ajoute offre concurrente Deutsche Börse

PARIS (awp/afp) - L'opérateur boursier paneuropéen Euronext, qui gère notamment la place de Paris, a officialisé vendredi des négociations pour racheter la Bourse de Milan, en association avec la Caisse des dépôts italienne, avant que son concurrent Deutsche Börse n'annonce à son tour qu'il s'était lui aussi lancé dans la bataille.

Après avoir renoncé, au printemps dernier, à racheter la Bourse de Madrid finalement tombée dans l'escarcelle du suisse Six, Euronext a indiqué vendredi matin dans un bref communiqué "être actuellement en discussion avec Cassa Depositi e Prestiti afin de soumettre une offre à London Stock Exchange Group pour acquérir l'activité et les actifs opérationnels clés de Borsa Italiana".

Côté italien, l'établissement contrôlé par l'Etat a confirmé "procéder conjointement avec Euronext à la présentation d'une offre non contraignante pour Borsa Italiana dans le cadre du processus de vente lancé par le London Stock Exchange Group".

Après la fermeture des marchés, Deutsche Börse a annoncé à son tour avoir "soumis une offre" pour acquérir la même cible, confirmant des informations de l'agence économique et financière Bloomberg.

L'opérateur boursier allemand se présente comme un "acteur mondial" à même de contribuer à "la croissance et au développement futurs" de la Bourse italienne et à renforcer "son rôle crucial pour l'économie italienne et les marchés européens des capitaux", selon un bref communiqué.

Selon Bloomberg, l'opérateur transalpin serait valorisé entre 3,5 et 4 milliards d'euros.

Les candidats n'ont pour l'heure pas dévoilé leurs offres, mais Euronext, qui chapeaute déjà les Bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam, Lisbonne, Dublin et Oslo, a précisé qu'il ferait une "nouvelle annonce" le moment venu. D'après l'agence d'informations économiques italienne Radiocor, citant des sources proches le délai pour déposer les offres non liantes aurait été repoussé au 14 septembre.

Mercredi soir, alors que des informations non officielles circulaient sur le rachat de la Bourse de Milan, Rome avait assuré que les offres seraient "analysées par le gouvernement et les autorités de contrôle afin de garantir une gestion saine et prudente, la compétitivité et la protection des intérêts" nationaux.

La transaction "renforcerait la franchise déjà considérable d'Euronext dans la zone euro", estime Christian Kuendig chez Fitch Ratings, interrogé par l'AFP.

A la fois "politiquement et économiquement", un tel rapprochement "fait complètement sens", commente de son côté Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

intérêt politique

Politiquement, il irait dans le sens du projet d'Union des marchés de capitaux en Europe, qui permettrait à l'Union européenne de rivaliser avec les grandes places mondiales.

Economiquement, Borsa Italiana pourrait fournir à Euronext "une offre importante de produits stratégiques, notamment dans les activités de compensation et les transactions électroniques de produits obligataires", écrivent les analystes de Jefferies dans une note.

Filiale de l'opérateur boursier LSE, la chambre italienne de compensation CC&G est chargée de sécuriser les échanges boursiers de la Bourse de Milan.

Basé à Paris et généralement peu loquace sur ses ambitions en matière d'acquisitions, Euronext était pressenti depuis plusieurs mois comme candidat au rachat de la Bourse de Milan.

Interrogé en début d'année sur le sujet, son patron Stéphane Boujnah avait indiqué que le groupe, qui s'est énormément diversifié depuis plusieurs années, serait sur les rangs si LSE envisageait de vendre. Ce qu'il avait répété le 29 juillet.

Deux jours plus tard, l'opérateur britannique LSE annonçait son intention de céder la Bourse de Milan afin de faire approuver par Bruxelles son projet de rachat du groupe américain de données financières Refinitiv.

De son côté, le patron de Deutsche Börse depuis 2018, Theodor Weimer, ancien chef de la filiale allemande de la banque italienne Unicredit jusqu'en 2017, avait déclaré au printemps devant la presse et les analystes qu'il voyait un intérêt dans un rapprochement avec la Bourse italienne.

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