Paris (awp/afp) - Toujours accablé par la pandémie, le groupe aérien Air France-KLM a annoncé jeudi avoir subi une nouvelle lourde perte de 1,5 milliard d'euros au premier trimestre, et compte sur l'été pour commencer à remonter la pente.

Les restrictions persistantes aux déplacements ont eu pour conséquence une chute de 73,4% du nombre de passagers et de 57% du chiffre d'affaires, à 2,2 milliards d'euros, par rapport au premier trimestre 2020, a précisé le groupe franco-néerlandais dans un communiqué.

Le second trimestre, jusqu'ici, "ne montre pas d'amélioration notable" de l'activité, a déclaré le directeur financier, Frédéric Gagey, lors d'une conférence de presse téléphonique, espérant un "redémarrage" au cours de l'été.

Aux abois et très endetté, Air France-KLM a été recapitalisé le mois dernier avec l'aide de l'Etat français, qui a doublé sa participation de 14,3% à 28,6%.

La nouvelle chute du trafic passagers traduit la poursuite des fermetures de frontières face au Covid-19. Air France-KLM, qui exploite en temps normal un important réseau long-courrier comme ses concurrents Lufthansa et IAG (British Airways, Iberia), y est très vulnérable.

"On ne peut pas dire que la situation épidémique à ce stade, en tout cas au niveau international, se soit vraiment améliorée, même si on voit ici ou là des premiers chiffres qui montrent que les campagnes de vaccination commencent à produire leurs effets", a constaté M. Gagey.

Le groupe, dont les compagnies Air France, KLM et Transavia ont déployé au premier trimestre 48% de leurs capacités (en sièges-kilomètres disponibles) de la même période de 2019, avant la pandémie, va légèrement les augmenter au second trimestre, à 50%.

Au troisième trimestre, qui inclut la cruciale période estivale, "le groupe prévoit une capacité en sièges-kilomètres disponibles comprise entre 55% et 65% par rapport à 2019", a détaillé Air France-KLM.

Mais anticiper l'activité reste "difficile", car les voyageurs réservent tardivement en raison des incertitudes sanitaires, a concédé M. Gagey.

Malgré l'avancée des campagnes de vaccination, en particulier aux Etats-Unis, en Israël et en Europe, "on n'est pas encore dans une situation où chacun voyage librement, il faudra évidemment encore de nombreux mois avant d'arriver à une situation qu'on pourrait comparer à celle de 2019", a-t-il souligné.

Pas de crise de liquidité

En 2020, la pandémie a fait perdre 7,1 milliards d'euros au groupe, grevé par les coûts fixes, dont sa flotte d'appareils, et ce malgré un plan d'économies tous azimuts incluant d'importantes réductions d'effectifs et le retrait des Airbus A380 et Boeing 747.

"Dans cet environnement toujours difficile, le groupe a néanmoins démontré sa résilience, en maintenant un contrôle strict de ses capacités et de ses coûts", a résumé le directeur général d'Air France-KLM, Benjamin Smith, cité dans le communiqué.

La perte nette publiée jeudi est plus importante que celle estimée par les analystes compilés par Bloomberg, qui l'attendaient à 1,1 milliard. Les investisseurs ont réagi négativement à la publication: le titre Air France-KLM cédait 1,5% à 4,50 euros peu après l'ouverture de la Bourse de Paris, dans un marché en hausse de 0,4%.

L'opération d'aide conclue le 21 avril s'est traduite par la conversion en quasi-fonds propres de trois milliards d'euros de prêts octroyés par l'Etat français au début de la crise. Air France-KLM avait bouclé deux jours plus tôt une augmentation de capital d'un peu plus d'un milliard d'euros, dont 593 millions apportés par l'Etat français.

Le groupe a vu fin mars sa dette nette s'aggraver de 1,5 milliard d'euros par rapport à fin décembre, à 12,5 milliards, mais l'opération d'avril va l'alléger de quatre milliards, a ajouté M. Gagey.

Ce dernier s'est voulu rassurant sur la situation financière du groupe qui disposait au 31 mars de 8,5 milliards d'euros de liquidités et de lignes de crédit: il n'y a "aucun risque de crise de cash" à moyen terme, a insisté celui dont le groupe a annoncé jeudi le départ à la retraite, et son remplacement à partir du 1er juillet par Steven Zaat, actuel directeur financier d'Air France.

Parmi les chantiers de M. Zaat figureront de nouvelles mesures pour faire baisser l'endettement. Plusieurs résolutions permettant aux administrateurs de lancer de nouvelles opérations d'émission de capital seront soumises au vote lors de l'assemblée générale des actionnaires le 26 mai.

afp/lk