MILAN/STOCKHOLM/PARIS, 5 décembre (Reuters) - Les
principaux opérateurs de télécommunications européens et un
lobby des services d'urgence ont demandé lundi à Bruxelles de
protéger les réseaux de télécommunications contre des coupures
ou des rationnements de courant, selon une lettre consultée par
Reuters.
La baisse des livraisons russes de gaz aux pays de l'UE à la
suite des sanctions liées au conflit en Ukraine fait courir à
l'Europe le risque d'un rationnement de l'énergie et de coupures
de courant cet hiver, qui pourraient mettre a l'épreuve certains
services tels que les numéros d'urgence et les réseaux de
télécommunications.
Certains des principaux dirigeants européens du secteur des
télécommunications, dont la directrice générale d'Orange, ont
récemment fait part de leurs préoccupations à ce sujet.
Les associations européennes des opérateurs de réseaux de
télécommunications (ETNO) et des numéros d'urgence(EENA) on
envoyé une lettre conjointe afin de pousser l'exécutif européen
à prendre des mesures.
ETNO représente les anciens monopoles téléphoniques tels que
l'allemand Deutsche Telekom, l'espagnol Telefonica
et Telecom Italia, tandis que l'EENA
représente plus de 1.500 numéros d'urgence dans 80 pays.
"Si les réseaux de télécommunications devaient faire l'objet
de coupures planifiées, les citoyens risqueraient de ne pas
avoir accès aux services de communication pendant la durée de la
coupure, y compris aux communications d'urgence", indique la
lettre, signée par les dirigeants des deux associations.
SECTEURS PRIORITAIRES
Pour le moment, en cas de rationnement du courant au cours
de l'hiver, certains services essentiels tels que les hôpitaux,
la police et les sites de production alimentaire seraient
prioritaires.
La plupart des centres d'appels d'urgence (PSAP) sont déjà
désignés comme des infrastructures critiques, dit la lettre, ce
qui signifie que toutes les mesures appropriées seront prises
pour s'assurer qu'ils ne sont pas touchés par les coupures.
Mais les numéros d'appels d'urgence et les opérateurs de
télécommunications s'inquiètent du fait que les infrastructures
de télécommunications, dont le fonctionnement dépend de la
connexion au réseau électrique, ne soient pas désignées comme
critiques dans certains pays.
"Nous sommes préoccupés par le fait que les réseaux de
télécommunications n'ont peut-être pas été placés sur les listes
de secteurs prioritaires", selon la lettre, qui appelle la
Commission européenne à travailler avec les États pour garantir
le maintien de l'approvisionnement en énergie des réseaux en cas
de rationnement.
L'EENA a également fait part de ses préoccupations dans un
communiqué publié sur son site Internet, après que Reuters a
rapporté en septembre que les responsables du secteur
craignaient que les utilisateurs de smartphones puissent perdre
inopinément tout signal de téléphonie mobile.
La lettre, envoyée à Ditte Juul Jorgensen, directrice
générale du département énergie de la Commission européenne, et
à son homologue du département réseaux de communication, Roberto
Viola, souligne également que les dispositifs de fourniture de
secours sont coûteux et fragiles.
Selon des sources du secteur des télécommunications, les
systèmes d'alimentation de secours sont actuellement
insuffisants dans de nombreux pays européens pour faire face à
des coupures généralisées.
La Commission n'a pas répondu immédiatement à une demande de
commentaire.
(Reportage Elvira Pollina à Milan, Supantha Mukherjee à
Stockholm et Mathieu Rosemain à Paris ; version française Diana
Mandiá, édité par Kate Entringer)