En cinq ans, l’action de Dick’s a bondi de plus de 500%, portée par une stratégie gagnante : de grands magasins en périphérie, des expériences clients innovantes, comme des murs d’escalade dans certains concepts stores. Foot Locker, lui, souffre du déclin des centres commerciaux et d’un modèle en panne : ses ventes stagnent depuis 2022.

L’opération, valorisée à 2,5 milliards de dollars, permet aux actionnaires de Foot Locker de choisir entre 24 dollars en cash par action ou 0,1168 action Dick’s. Résultat immédiat : l’action Foot Locker, qui stagnait autour de 12 dollars depuis les droits de douane, a grimpé de 85%.

Un pari sur la complémentarité

Dick’s ne cache pas son ambition : gagner une envergure mondiale. Grâce aux 2 400 magasins de Foot Locker répartis dans 24 pays, le groupe élargit son marché de 140 à 300 millions de clients. Il y voit également une complémentarité géographique : les boutiques Dick’s sont souvent excentrées, tandis que Foot Locker est ancré en centre-ville.

Le positionnement des deux enseignes est lui aussi perçu comme complémentaire : Dick’s cible la performance sportive, Foot Locker cultive une image plus lifestyle. Un moyen pour le géant américain d’aller chercher un public rajeuni.

Nike en ligne de mire

Le management de Dick’s affirme avoir consulté les grandes marques, dont Nike, avant de se lancer. Un détail loin d’être anodin : Dick’s et Foot Locker comptent parmi les trois principaux distributeurs de la marque à la virgule. Alors que Nike revient partiellement sur sa stratégie de vente directe pour réinvestir dans le commerce de gros, Dick’s espère profiter d’un avantage concurrentiel, voire d’un rapport de force plus favorable à l’avenir.

Synergies et prudence

Le groupe estime les synergies à 125 millions de dollars à moyen terme, notamment grâce à un pouvoir de négociation renforcé avec les fournisseurs comme Nike ou Hoka. Il voit aussi un fort potentiel de croissance dans la vente de vêtements, encore sous-exploitée chez Foot Locker.

Pas de changement prévu côté consommateur : les deux marques resteront distinctes et Foot Locker conservera son autonomie. Dick’s affirme avoir une "visibilité claire" sur le redressement de sa cible.

Certains analystes saluent une acquisition opportune, rendue possible par la faible valorisation de Foot Locker. D’autres pointent les risques d’intégration d’un groupe en difficulté, et s’inquiètent des promesses de synergies difficiles à tenir. John Kernan, de TD Cowen Il y a d’innombrables exemples de fusions et acquisitions détruisant des milliards de dollars de valeur depuis que nous avons couvert le secteur. Il pense que les investissements dans Foot Locker seront moins rentables que le développement de ses magasins. 

Le groupe se veut rassurant : la transaction, financée par un mix de dette, d’actions et de cash, aurait pu l’être entièrement par endettement sans dégrader réellement son bilan.