WASHINGTON, 18 mai (Reuters) - Les données les plus importantes actuellement pour l'économie américaine sont les "paramètres médicaux" liés à la pandémie de coronavirus, a déclaré dimanche le président de la Réserve fédérale américaine, soulignant que le gouvernement pourrait devoir aider les entreprises et foyers américains pendant encore trois à six mois.

Dans un entretien retransmis durant l'émission "60 minutes" sur la chaîne CBS, Jerome Powell a régulièrement souligné que les questions sanitaires étaient centrales pour le succès de la réouverture de l'économie américaine, appelant la population des Etats-Unis à s'entraider, en respectant la distanciation sociale, alors que les mesures de confinement sont assouplies.

"Si nous sommes prudents sur la manière dont nous rouvrons l'économie afin que la population poursuive les mesures de distanciation sociale et que nous faisons ce que nous pouvons pour éviter une autre vague d'épidémie (...) alors le rétablissement pourra débuter assez vite", a-t-il dit.

Le chemin sera long dans tous les cas, a poursuivi le patron de la Fed, prévenant que les inscriptions au chômage devraient se poursuivre en juin et que certains secteurs d'activité, comme le tourisme et le divertissement, pourraient continuer de faire face à des pressions jusqu'à ce qu'un vaccin contre le coronavirus soit trouvé.

Les dégâts économiques provoqués par la crise sanitaire ont déjà été importants. Powell a déclaré que le taux de chômage pourrait culminer à 25% avant de commercer à baisser, et que le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis pourrait se contracter de 20% en rythme annualisé sur la période avril-juin.

Ces niveaux rappellent la Grande Dépression des années 1930. Toutefois Powell a estimé qu'une dégringolade prolongée de cette magnitude restait peu probable.

"En supposant qu'il n'y aura pas de deuxième vague du coronavirus, je pense qu'on verra l'économie se redresser progressivement au cours du second semestre de cette année. Pour que l'économie retrouve pleinement son rythme de croisière, il faudra que les gens reprennent totalement confiance et il faudra peut-être attendre pour cela l'arrivée d'un vaccin", a-t-il expliqué.

Mercredi, lors d'une téléconférence organisée par le Peterson Institute for International Economics, Jerome Powell avait averti que l'économie américaine pourrait connaître une "période prolongée" de croissance faible et avait promis que la banque centrale prendrait de nouvelles mesures de soutien si nécessaire tout en excluant le recours à des taux d'intérêt négatifs. (Howard Schneider; version française Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)