VIENNE (awp/afp) - Les producteurs de pétrole de l'Opep+ devraient opter dimanche pour la prudence et maintenir les coupes actuelles, à la veille de l'entrée en vigueur de nouvelles sanctions contre Moscou, pilier avec Ryad de l'alliance.

Les représentants des treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), conduits par Ryad, et leurs dix alliés emmenés par Moscou, se retrouvent à 11H00 GMT dans un climat électrique.

La Russie est vent debout contre le plafonnement du prix de son pétrole que l'Union européenne, le G7 et l'Australie ont prévu de mettre en place lundi "ou très peu de temps après".

C'est aussi ce jour-là que débute l'embargo de l'UE sur le brut russe acheminé par voie maritime, qui va supprimer les deux tiers de ses achats à Moscou.

Objectif de ces mesures: priver Moscou des moyens de financer sa guerre en Ukraine.

Maintien du cap attendu

Pour l'Opep+, la question est de savoir quel sera l'impact sur l'offre d'or noir russe.

Les analystes de DNB évoquent "une grande incertitude".

Le cours du baril de brut de l'Oural évolue actuellement autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond de 60 dollars, impliquant un effet limité à court terme.

Mais le Kremlin a prévenu qu'il ne livrerait plus de pétrole aux pays qui adopteraient ce mécanisme.

De quoi placer certaines nations "dans une position très inconfortable: choisir entre perdre l'accès au brut russe bon marché ou s'exposer aux sanctions du G7", explique Craig Erlam, analyste chez Oanda.

Devant ces inconnues, l'alliance pourrait décider de "rester à l'écart des projecteurs et surveiller si les cours montent en flèche" après ce nouveau train de sanctions, souligne DNB, anticipant une réunion "discrète".

Le choix d'une rencontre virtuelle, et non au siège du cartel à Vienne, renforce le scénario du statu quo, c'est-à-dire une baisse de 2 millions de barils par jour en décembre, comme les mois précédents, selon les analystes. Une piste confirmée à l'AFP par une source iranienne.

Prix en berne

Craig Erlam n'exclut cependant pas "une coupe plus drastique" pour soutenir les cours, affectés par la morosité économique mondiale.

S'ils se sont légèrement redressés ces derniers jours, aidés par les timides mesures d'assouplissement de la politique sanitaire chinoise du zéro Covid, les deux références mondiales du brut restent non loin de leur plus bas niveau de l'année, loin de leurs sommets de mars.

Depuis la dernière réunion de l'alliance début octobre, le Brent de la mer du Nord et son équivalent américain, le WTI, ont perdu plus de 6%.

Même s'il ne sabre pas ses quotas ce dimanche, le cartel pourrait dans les mois à venir "adopter une position plus agressive", dans un avertissement à l'Occident qui hérisse le cartel en réglementant les prix, pronostique Edoardo Campanella, analyste d'UniCredit.

Une stratégie qui risque d'"aggraver la crise énergétique mondiale", avertit-il.

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