Il y a un exactement un an, nous ne mâchions pas nos mots en qualifiant sa gestion de franchement douteuse. Si l’indéniable force de l’entreprise réside dans son modèle d’affaires très lucratif basé sur les royalties — à l’origine d’une marge brute de 90% — sa grande faiblesse tient toujours dans le traitement des actionnaires minoritaires.
Nous rappelions que les ventes de Dolby stagnaient depuis dix ans, mais que la structure de coûts souffrait elle d'une inflation prononcée des rémunérations, en particulier via les programmes de stock-options et assimilés. En sus d’une stagnation de ventes, le profit d'exploitation accusait donc une nette décroissance au long du cycle.
Dans un écueil que parvient par exemple à éviter Shopify — voir Shopify Inc. : Attentes élevées publié dans cette même rubrique il y a quelques jours — les montants importants consacrés aux rachats d'actions chez Dolby ne servaient ainsi qu'à compenser la dilution plutôt qu'à rémunérer les actionnaires. Ils devaient donc être perçus comme une charge plutôt qu'un retour de capital effectif.
Le directeur général Kevin Yeaman, du reste, était toujours prompt à se délester des titres qu'il recevait si généreusement aux dépens des actionnaires. Dans ce contexte, nous ne voyions pas d’un bon oeil une valorisation qui nous semblait anormalement élevée — rappelons que ses multiples avaient presque doublé en dix ans malgré la somme des problèmes évoqués.
Celle-ci, sans surprise, s’est contractée sur les douze derniers mois. Et pour cause : malgré la tendance inflationniste, le chiffre d’affaires recule de 2% en 2024 ; tandis que, malgré des acquisitions et retraité des charges exceptionnelles de restructuration, le profit d’exploitation demeure de son côté parfaitement inchangé.
Le groupe entend renouer avec la croissance — ou au moins stabiliser la barque — avec le rachat à $429 millions de GE Licensing, autrefois filiale de GE Aerospace. Cette opération, annoncée en juin 2024, comprend un portefeuille de plus de 5 000 brevets principalement liés aux médias numériques grand public et à l'électronique.
Pour Dolby, il s’agit surtout de trouver comment compenser le déclin critique de son activité télévision linéaire. En 2024, ce segment qui représente plus d’un tiers de son chiffre d’affaires consolidé déclinait encore de 10%.