Zurich (awp) - Dufry subit de plein fouet les effets de la pandémie de coronavirus. Alors que ses recettes ont été réduites quasiment à néant, le détaillant aéroportuaire a mis en place un plan d'urgence pour garantir les liquidités nécessaires à la poursuite de ses opérations. Sans toutefois convaincre le marché, ni la communauté financière.

Après une entame d'année sous de bons auspices, Dufry a vu ses recettes s'effondrer au premier trimestre, à mesure de l'introduction des restrictions de mouvement pour endiguer la propagation de la maladie et a renoncé à ses ambitions annuelles.

Dans un communiqué diffusé mardi, l'entreprise a confirmé la chute de près d'un quart de son chiffre d'affaires trimestriel, à 1,44 milliard de francs suisses. En termes organiques - ajusté des effets de change et d'acquisition - le repli est de 21,4% en rythme annuel.

L'affaissement des ventes a touché toutes les divisions, à commencer par l'Asie-Pacifique, berceau de la pandémie et première à prendre des mesures drastiques de verrouillage pour l'endiguer. Dans les principales zones de chalandise du groupe - Europe, Afrique et Amérique du Nord - les revenus ont fondu d'environ un quart, alors qu'en Amérique centrale et du sud, où les mesures de confinement ont été décrétées plus tardivement, le recul est légèrement moins marqué (-18,2%).

Plongeon en avril

En raison des décisions gouvernementales qui ont gelé le transport aérien dans toutes les régions, les ventes ont été quasiment réduites à néant en avril (-94,1%). "Etant donné le contexte actuel et la faible visibilité", Dufry a décidé comme la plupart des entreprises de la branche de suspendre ses objectifs annuels annoncés à mi-mars.

Afin de faire face à la crise, la direction du groupe bâlois a mis en place un plan d'action destiné à stimuler les revenus, assurer la génération de liquidités, réduire les coûts et préserver la rentabilité. Ce dernier envisage différents scénarios de déclin des ventes annuelles, allant de 40% à 70%.

En plus des mesures annoncées en avril - facilité de crédit de 425 millions, placement de 5,5 millions d'actions, réouverture d'un emprunt convertible pour 50 millions, renoncement au dividende - le conseil d'administration de Dufry entend demander à ses actionnaires lors de l'assemblée générale du 18 mai la création de capital conditionnel supplémentaire.

Au total, les nouvelles initiatives de financement devraient permettre à l'entreprise de doper sa trésorerie à 1,61 milliard de francs suisses, contre 685,9 millions au bouclement du premier trimestre.

Lors d'une téléconférence de presse, le directeur général Julian Diaz a indiqué que son groupe se prépare à une reprise progressive du trafic aérien. "Nous constatons que plus de vols figurent sur les horaires à partir de juin et juillet", a-t-il indiqué. Le mois de mai en revanche ne devrait pas connaître d'amélioration notable par rapport à avril.

L'entreprise est en pourparlers avec ses bailleurs pour des réductions de loyers durant la période de fermeture imposée par le coronavirus. Les discussions se déroulent "de manière constructive". "Les deux parties ont intérêt à ce que les affaires reprennent bien lorsque les magasins seront de nouveau ouverts", a souligné le patron.

Selon ce dernier, les mesures prises en avril ont permis de réduire l'utilisation mensuelle de liquidités de 70-75 millions de francs suisses.

Opinions divisées

Le point de situation présenté par Dufry a été loin de faire l'unanimité de la communauté financière. "Il n'y a quasiment aucune entreprise qui soit plus affectée par la crise de Covid-19 que Dufry" affirme dans son commentaire la Banque cantonale de Zurich (ZKB), qui estime que les mesures de financement devraient permettre à Dufry d'assurer ses opérations au moins jusqu'à mi-2021.

Baader Helvea dresse un tableau plus sombre, laissant entendre que le deuxième trimestre sera vraisemblablement encore pire que le premier. Revenant sur les scénarios envisagés par la direction du groupe, le courtier genevois souligne qu'à l'heure actuelle, le consensus ne table "que" sur une chute d'un tiers du chiffre d'affaires annuel et une perte nette de 200 millions de francs suisses.

Plus optimiste, la banque Vontobel anticipe une amélioration de la marche des affaires à partir de juin, et estime que Dufry devrait être bien positionné pour un rebond en 2021.

Les investisseurs ont également eu de la difficulté à savoir sur quel pied danser. Après une brève incursion en territoire positif juste après l'ouverture et un plongeon dans la matinée, qui a amené le titre sous la barre des 25 francs suisses, l'action Dufry a repris quelques couleurs à l'approche de la mi-journée.

A la Bourse, l'action Dufry a fini en baisse de 5,6% à 25,20 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,38%.

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