Zurich (awp) - L'exploitant de boutiques hors-taxes Dufry, touché de plein fouet par la crise du coronavirus, tente de lutter sur différents fronts. Il annonce plusieurs mesures afin de limiter ses coûts et de renforcer sa structure de capital. Les objectifs 2020 sont annulés et le dividende sera biffé.

L'entreprise bâloise compte sur une facilité de crédit supplémentaire de plusieurs banques pour environ 425 millions de francs suisses sur 12 mois avec une possibilité d'extension de six mois, selon un communiqué reçu jeudi.

Un consortium bancaire composé de 25 établissements internationaux, a approuvé la demande de dérogation aux conventions financières actuelles jusqu'à la fin juin 2021. Il a aussi donné son accord pour l'émission d'un emprunt convertible de 300 millions de francs suisses.

Dufry prévoit le placement de jusqu'à 5,5 millions d'actions, auquel vont participer les membres de la direction et du conseil d'administration "pour un montant significatif". Ces derniers vont réduire leurs salaires de 30% ces trois prochains mois.

Le groupe prévoit également des économies de liquidités d'environ 160 millions de francs suisses pour l'année entière.

Fonte des revenus début avril

"Nous essayons de réduire les sorties de fonds le plus possible", a expliqué Julian Diaz, le patron de l'exploitant bâlois de boutiques hors-taxes lors d'une conférence téléphonique. Dans le même temps, "nous avons maintenu un niveau d'activité pour pouvoir reprendre les opérations dès que possible". Pour avril et mai, les sorties d'argent seront toutefois supérieures aux mois à venir en raison de paiements de coûts précédemment encourus.

Le groupe table sur un retour à la normale dans l'industrie aérienne en 2022. Il espère cependant que des vols domestiques et internationaux reprendront dès mai-juin.

Dufry avait déjà annoncé des mesures en mars, à l'image de la réduction de coûts de personnel, de salaires et des négociations avec les propriétaires des boutiques. Plus des deux tiers de ses employés sont au chômage partiel ou bénéficient de programmes similaires et ne pèsent donc pas sur la masse salariale de l'entreprise. C'est notamment le cas en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Grèce ou au Royaume-Uni.

L'entreprise est présente dans 65 pays où elle opère plus de 2400 boutiques dans les aéroports, les ports, les gares et zones touristiques de centre-ville.

Le chiffre d'affaires du premier trimestre a atteint 1,44 milliard de francs suisses, soit un recul de la croissance organique des ventes de 22%. Alors que se multipliaient les restrictions de voyages en raison de la pandémie, le groupe a vu ses ventes reculer de 55,9% en mars, puis de 90% les deux premières semaines d'avril par rapport à la même période l'an dernier.

L'assemblée générale, qui avait été repoussée, se tiendra le 18 mai sans la présence physique des actionnaires. Aucun dividende ne sera proposé pour 2020.

Pour la Banque cantonale de Zurich, peu d'entreprises sont aussi touchées par la crise liée au coronavirus que Dufry. La ZKB voit d'un oeil favorable les mesures "énergiques", comme l'annulation du dividende et l'augmentation de capital.

Baader Helvea souligne que le groupe est dans une lutte intense pour sauver ses liquidités et ses flux de trésorerie. Ces mesures devraient aider à surmonter la tempête causée par le Covid-19. Mais les voyages et les vols seront sans doute parmi les dernières activités à reprendre.

UBS pense que le groupe devrait avoir suffisamment de liquidités pour naviguer dans un environnement difficile en 2020-2021 et s'attend à ce que les revenus s'améliorent au second semestre de cette année.

Les investisseurs semblaient aussi optimistes, le titre grimpant vers 12h15 de 6,9% à 28,07 francs suisses dans un SPI en recul de 0,47%.

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