Zurich (awp) - HNA Group ne figure plus au rang des actionnaires de référence de Dufry. Selon une annonce de participation de la Bourse suisse SIX publiée mercredi, la part du conglomérat chinois dans le spécialiste bâlois du commerce hors taxes s'est réduite à moins de 3% suite à l'échéance de dérivés, contre 20,92% jusqu'alors.

Le géant chinois actif notamment dans le transport aérien et le tourisme et qui contrôle Gategroup, Swissport et SR Technics, entre autres, avait étoffé sa participation dans Dufry à plus de 20% en 2017, après le rachat d'actions aux fonds souverains singapouriens GIC et Temasek. La montée en puissance de HNA avait alors alimenté les rumeurs de rachat du groupe rhénan par le géant de l'Empire du Milieu, ce dernier dépensant à ce moment sans compter dans le cadre d'une politique d'expansion tous azimuts.

Dans la foulée, l'action Dufry avait atteint à la Bourse suisse un plus haut historique de 170 francs suisses. Mais à l'instar de Wanda (immobilier, cinéma), Fosun (tourisme, divertissement) ou Anbang (assurance, hôtellerie), le groupe fondé en 2000 dans l'île tropicale de Hainan s'est retrouvé dans le viseur des régulateurs chinois, inquiets de l'ampleur des prêts qu'ils ont contractés pour financer leurs acquisitions, particulièrement à l'étranger.

Bâti autour de la compagnie aérienne Hainan Airlines, HNA s'est développé rapidement à coup d'acquisitions tous azimuts. Le groupe a dépensé au moins 50 milliards de dollars (49,2 milliards de francs suisses) en deux ans dans des investissements et prises de participations, non sans de vives controverses sur l'opacité de ses complexes structures d'actionnariat.

Lourd endettement

HNA est entré au capital de plusieurs compagnies aériennes étrangères: Aigle Azur (France), Virgin Australia (Australie), TAP (Portugal) ou encore Azul (Brésil). Dans la logistique, il a mis la main sur le prestataire zurichois de services de bord Gategroup, ainsi deux autres ex-filiales de feu-Swissair, soit le spécialiste des services au sol Swissport puis celui de la maintenance d'avions SR Technics. HNA avait également dévoilé en 2016 le rachat de la branche de location d'avions du groupe américain CIT pour 10 milliards de dollars.

En mal de liquidités suite à l'explosion de son endettement, le conglomérat avait réalisé une transaction dite "equity collar", consistant habituellement en l'achat d'une option "put" et la vente d'une option "call" et qui permet d'assurer le titre contre de grosses variations à la baisse. La contre-position était détenue par JPMorgan qui l'a ensuite revendue.

Les dérivés étant apparemment arrivés à échéance, HNA ne représente officiellement plus un actionnaire de référence de Dufry. Selon les dernières informations disponibles, le plus gros actionnaire du groupe établi à Bâle est un groupe constitué de plusieurs administrateurs de l'entreprise, lequel détient une participation de 17,85%. Le fonds GIC a à nouveau franchi la barre des 5%.

A la suite de cette disparition, le titre Dufry a pris l'ascenseur pour clôturer mercredi à 102,60 francs suisses (+1,3%), dans un SLI pratiquement stable (-0,01%).

Il était clair depuis longtemps qu'étant donné la structure de la participation de HNA, le groupe chinois n'était plus impliqué dans Dufry, note la Banque Vontobel dans un commentaire. L'établissement zurichois continue de recommander le titre à l'achat, avec un objectif de cours de 140 francs suisses.

Ces derniers mois, l'action Dufry a cependant perdu passablement de terrain, non seulement en raison des incertitudes concernant ses propriétaires, mais aussi de l'affaiblissement de la croissance organique du groupe. Le titre est ainsi passé en dessous des 100 francs suisses en fin d'année. Même si la chronologie précise de la vente des parts détenues par HNA n'est pas connue, l'engagement du géant chinois s'est probablement soldé sur une perte pour ce dernier.

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