Zurich (awp) - Dufry a bouclé 2018 sur des résultats en hausse aussi bien sur le plan opérationnel que net, et ce dans des conditions de marché qualifiées de "sous-optimales". Les actionnaires se verront proposer une rémunération légèrement relevée.

Le chiffre d'affaires s'est étoffé de 3,7% à 8,67 milliards de francs suisses. En termes organiques la croissance s'est établie à 2,7%, a précisé le détaillant aéroportuaire bâlois jeudi dans un communiqué. L'appréciation de l'euro et de la livre britannique s'est traduite par un effet positif de 1,0%.

En Europe méridionale et en Afrique, les recettes se sont contractées de 2,6% au niveau organique, à 1,85 milliard de francs suisses, essentiellement en raison d'un changement en Espagne dans la typologie des passagers "vers des nationalités à plus faible revenus", explique Dufry.

En Amérique latine, les ventes accusent un recul de 3,5% à 1,62 milliard. Les activités du groupe ont subi de plein fouet la dévaluation des devises locales, à l'image du real brésilien (-15%) et du peso argentin (-70%).

Absence genevoise

Les recettes réalisées en Europe centrale et au Royaume-Uni sont restées quasiment stables (+0,3%), à 1,97 milliard. La croissance de la région a été plombée par la cessation des activités à l'aéroport de Genève-Cointrin en octobre 2017.

La région Europe de l'Est, Moyen-Orient, Asie et Australie a enregistré une croissance organique de 15,1% à 1,15 milliard, à la faveur du début des opérations à Hong Kong et l'ouverture de plusieurs points de vente en Australie. Dufry a vu ses recettes progresser également en Amérique du Nord (+6,8%) à 1,88 milliard.

Le bénéfice brut a franchi la barre des 5 milliards de francs suisses (+4,4%) et la rentabilité a été améliorée de 40 points de base (pb), principalement grâce aux meilleurs conditions négociées avec des fournisseurs locaux.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) est ressorti à 1,04 milliards, soit 3,3% de mieux qu'en 2017, pour une marge afférente stable à 12,0%. Toutefois, des coûts liés à "l'ouverture et la fermeture d'opérations" ont plombé le résultat opérationnel de près de 50 millions de francs suisses, alors que la dissolution de provisions pour le même montant avait dopé la performance de l'année dernière.

Dividende relevé

Le bénéfice net attribuable aux actionnaires n'en a pas moins bondi de plus d'un quart, à 71,8 millions de francs suisses. Le conseil d'administration proposera à ses actionnaires un relèvement du dividende à 4,00 francs suisses par action au titre de l'exercice écoulé, contre 3,75 francs suisses un an plus tôt.

La copie rendue par Dufry s'inscrit peu ou prou dans le cadre des projections des analystes sondés par AWP, à l'exception notable du résultat net, qui était attendu entre 92,9 et 143,0 millions de francs suisses. Le relèvement du dividende en revanche constitue une bonne surprise.

Une attention que les investisseurs ont salué à leur manière. Le titre Dufry a terminé la séance de la Bourse suisse sur un bond de 3,19% à 100,90 francs suisses, non sans avoir navigué entre deux eaux en début de séance. Quant à l'indice de référence SLI, il a clôturé en hausse de 0,99%.

Vents contraires attendus en Amérique latine

Pour l'exercice en cours, la direction de Dufry s'attend à affronter des vents contraires en Amérique latine et dans une moindre mesure en Espagne, mais table sur une progression graduelle de la croissance organique au long de l'année, précisant qu'au cours des deux premiers mois de 2019, la croissance totale a dépassé les 3% à la faveur de nouvelles concessions.

A plus long terme, l'entreprise vise désormais une croissance organique de 3-4%, ainsi qu'un flux de trésorerie disponible de 350-400 millions de francs suisses.

Joen Iffert d'UBS salue le retour de la croissance organique au 4e trimestre (+1,8%), après la valeur négative (-0,8%) enregistrée au partiel précédent. L'analyste craint cependant que la bonne génération de liquidités ne soit réduite à néant par des ventes faibles à périmètre constant et une érosion des marges.

Plus optimiste, Volker Bosse, chez Baader Helvea, estime que la stabilisation de la marge brute d'exploitation (Ebitda) est un exploit au vu du contexte difficile de certains marchés comme le Brésil ou l'Argentine. L'expert souligne la confiance affichée par la direction pour l'exercice en cours.

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