PARIS (awp/afp) - Ils filent à grande vitesse sur les tapis roulants, se croisent en cadence, étonnent par leur nombre : la parfaite chorégraphie des colis de Noël a débuté dans les centres de tri de France où l'activité reste importante après deux années de pandémie favorable au commerce en ligne.

"On est sur du 500.000 colis par jour, il faut un peu de rigueur, un peu de sport", explique dans un large sourire Mehdi Casado Lopes, chef d'équipe de 30 ans au sein de la plateforme La Poste au Thillay (Val d'Oise).

Dans l'entrepôt de 18.000 m² à l'allure futuriste, les colis empruntent plusieurs kilomètres de tapis roulants, à près de 10 km/h, sur trois niveaux.

Contemplant le ballet des tapis trieurs en surplomb, Mickaël Lopes, directeur de l'établissement, glisse presque pour lui-même : "Cette plateforme-là (de Thillay, NDLR) nous a aidés à passer la période de Covid".

Selon l'Arcep, l'autorité du régulation, le nombre de colis distribués en France et exportés s'élevait à 1,7 milliard en 2021, soit 14,5% de plus qu'en 2020.

Après une croissance exponentielle en 2020 et 2021, le volume des colis de fin d'année a atteint "un palier", estime Philippe Dorge, directeur général adjoint du groupe La Poste. Le volume en 2022 est quasiment comparable à l'année précédente, à peine "1 à 2% de plus".

Ce sont toutefois quelque 100 millions de colis pris en charge par Colissimo qui seront livrés en novembre et décembre, soit deux fois plus qu'en temps normal, un volume qui sera notamment absorbé par l'embauche supplémentaire de 3.000 saisonniers, assure M. Dorge.

Les syndicats, eux, estiment que le recours aux intérimaires n'allège pas forcément la charge de travail : "Il faut courir, prendre des risques et au niveau des congés, c'est compliqué", dénonce Sébastien Chaigneau, pour la CGT FAPT, qui rapporte "des bidouillages dans les plannings, les tournées".

D'autres estiment qu'il manque parfois des renforts dans certaines régions. "La force de travail en face du volume ne correspond pas toujours", souffle un autre responsable à la CGT qui nuance immédiatement : "Pour l'instant, il n'y a pas de gros problème".

"Au cordeau"

Le site de ventes en ligne Cdiscount, dès octobre, "double (ses) équipes" et opère un roulement "jusqu'à 24/24, 7/7" afin que même la commande passée le 24 décembre à 12H00 soit à 19H00 sous le sapin, assure Rémi Naudion, directeur Transport et Livraison.

Sollicité par l'AFP, Amazon France n'a pas souhaité communiquer d'éléments.

En termes de volumes sur la période de pic, Mondial Relay affirme de son côté "n'être pas du tout sur un effet palier" mais au contraire avoir enregistré +25% de croissance par rapport à 2021.

Son directeur général Quentin Benault attribue "cette forte accélération" à la particularité de Mondial Relay, qui ne livre qu'en points relais et consignes. Ainsi, il est "30% moins cher" que ses concurrents qui livrent à domicile et "dans un contexte inflationniste, (ce modèle) est plébiscité" par des Français cherchant à économiser.

"La période de pic a commencé plus tôt que prévu (...) et on est au-dessus des prévisions sur les échanges entre particuliers", indique le directeur général de Mondial Relay.

Ce dernier énumère quelques difficultés, comme les tensions de recrutement sur des zones frontalières avec des pays aux salaires plus attractifs comme l'Allemagne.

Mais aussi "des grains de sable dans une mécanique bien huilée" telles les restrictions de circulation des poids-lourds en raison d'aléas météorologiques, comme mercredi en Ile-de-France. "Tout est au cordeau" dans ce secteur en flux tendu, juge le responsable.

Cette année, d'après une étude menée par le panéliste Kantar pour eBay, plus de 7 millions de Français envisagent de revendre leurs cadeaux de Noël.

Ainsi, selon les opérateurs interrogés, la période de pic de Noël peut se prolonger jusqu'au 15 janvier.

Et, s'amuse Quentin Benault, "ça fait la jonction avec les soldes, ça ne s'arrête jamais !"

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