(Répétition technique)

par Steven Grattan et Helen Murphy

BOGOTA, 17 juin (Reuters) - Les électeurs colombiens sont invités à se rendre aux urnes, ce dimanche, pour un scrutin qui oppose le conservateur Ivan Duque au candidat de la gauche radicale Gustavo Petro et dont l'issue pourrait remettre en question le processus de paix engagé par le président sortant, Juan Manuel Santos.

Proche de l'ancien président Alvaro Uribe, Ivan Duque, 41 ans, a promis de revoir les terme de l'accord conclu avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie et de maintenir le pays d'Amérique latine sur la voie de l'économie de marché et les sondages le donnent largement gagnant.

Son adversaire, ancien rebelle du mouvement M-19 et ex-maire de Bogota, a mené campagne de son côté pour la réduction des inégalités et la préservation de l'accord avec les Farc. Il veut aussi limiter l'extraction minière et lancer la Colombie sur la voie de la transition énergétique.

Les quelque 11.230 bureaux de vote répartis dans le pays ouvriront à 13h00 GMT et fermeront à 21h00 GMT. Les premiers résultats devraient être connus quelques heures plus tard.

Ce scrutin présidentiel est le premier organisé en Colombie depuis que les rebelles des Farc et le gouvernement de Bogota ont mis fin à un conflit armé vieux d'une cinquantaine d'années et qui a tué plus de 220.000 personnes et déplacé des millions d'autres.

L'accord de 2016 a valu le prix Nobel de la paix au président colombien sortant, Juan Manuel Santos, qui ne pouvait pas se représenter cette année.

Il a permis aux anciens rebelles de créer un parti politique, la Force alternative révolutionnaire commune, qui conserve l'acronyme de leur ancien groupe armé. Aux termes de l'accord de paix, la Farc est assurée d'avoir dix élus au Congrès pendant huit ans.

Ivan Duque, 41 ans, est un protégé de l'ancien président Alvaro Uribe, partisan d'une ligne dure vis-à-vis des rebelles. Pour lui, il est inadmissible que des "criminels" votent des lois au Congrès après avoir pendant des années pratiqué l'enlèvement, l'extorsion de fonds et le crime.

Son adversaire Gustavo Petro s'est quant à lui engagé à respecter cet accord et à poursuivre les négociations ouvertes avec l'Armée nationale de libération (ELN), le dernier groupe armé colombien encore actif.

"Duque ne veut pas de la paix. Il veut que la guerre se poursuive et empêcher la Colombie d'aller de l'avant", estime Jorge Andres Sanchez, qui travaille dans une échoppe de Bogota.

Mais Gustavo Petro a lui aussi ses détracteurs, notamment dans les milieux d'affaires où l'on redoute les effets de la politique qu'il a promis de mener et que certains comparent à celles de l'ancien président vénézuélien, Hugo Chavez.

"Les marchés et le secteur productif perçoivent Duque comme quelqu'un qui garantira la continuité du modèle économique actuel et ils perçoivent Petro comme celui qui veut le détruire", souligne Carlos Sepulveda, qui enseigne l'économie à l'université de Rosario. (Nicolas Delame pour le service français)