Le journal "Correio do Brasil" a rapporté que les autorités brésiliennes envisagent de transférer les avantages repas des salariés vers le réseau national de paiements instantanés, PIX. Une initiative qui, si elle se concrétisait, pourrait chambouler toute une industrie… et explique la panique soudaine des investisseurs.

Le principe ? Supprimer les intermédiaires – Edenred, Pluxee, et consorts – pour verser directement l'équivalent des titres-restaurants sur les comptes bancaires des employés. Objectif affiché : réduire les frais, fluidifier les paiements, et garantir que chaque real attribué par l’employeur bénéficie pleinement au salarié.

Problème : si séduisante soit-elle sur le papier, cette réforme pourrait détruire l’un des modèles économiques les plus juteux du secteur. Edenred tire 19% de son chiffre d’affaires opérationnel du Brésil – soit plus de 500 millions d’euros –, dont une bonne moitié issue de l’activité repas. Pluxee, de son côté, réalise 28,5% de ses revenus dans le pays, en grande partie grâce à son partenariat avec Santander. Le Brésil, avec ses 20 millions de bénéficiaires de tickets repas, pèse lourd dans leurs bilans.

Or, basculer vers PIX bouleverserait l'équation. Finies les marges confortables sur les commissions d’émission et les intérêts générés par les délais de règlement. Finie aussi, potentiellement, la barrière à l'entrée d’un marché historiquement verrouillé par quelques acteurs.

Mais faut-il pour autant tirer la sonnette d’alarme ? Du côté des analystes de Jefferies, on tempère : si une telle réforme devait voir le jour, elle ne serait pas pour demain. Le système PIX ne permet pas, à ce stade, de restreindre les achats à certains produits ou jours de la semaine – ce que permet aujourd’hui la technologie des émetteurs traditionnels. Autrement dit, il n’est pas encore taillé pour un usage ciblé comme les titres-restaurants. Et la résistance s’organise : les principales associations du secteur, l’ABBT (émetteurs) et l’Abrasel (restaurateurs), ont d’ores et déjà exprimé leurs craintes. Le ministère des Finances, lui, a annoncé un moratoire de 30 jours pour évaluer la faisabilité juridique du projet.