Paris (awp/afp) - Le fleuron de l'agroalimentaire français Danone a relevé mercredi ses objectifs de ventes pour l'année 2022, portés par des prix en hausse, déjà pour la troisième fois dans certains pays au premier semestre.

L'inflation dont le groupe redoute cependant qu'elle ne fasse le lit d'une "possible récession", touche aussi Danone partout où il est implanté et sur toutes ses catégories.

"Presque toutes les composantes de nos coûts ont subi des pressions, les emballages, le transport et le lait étant les plus touchés", a indiqué le directeur général Antoine de Saint-Affrique lors d'une conférence de présentation des résultats du premier semestre aux investisseurs.

Pourtant, les voyants sont au vert pour le groupe qui détient des marques comme Activia, Actimel, Aptamil ou encore Evian.

Le groupe s'attend désormais à une hausse des ventes en 2022 comprise entre +5 et +6% en données comparables, contre +3 à +5% précédemment, grâce à "l'effet prix", et il "confirme attendre une marge opérationnelle courante supérieure à 12%".

Au premier semestre, le chiffre d'affaires s'est établi à 13,3 milliards d'euros, en hausse de 12,6%.

La hausse des prix des produits Danone a atteint 6,8% au deuxième trimestre, après 4,9% au premier, portant la majoration des prix à 6,1% depuis janvier, selon le groupe.

Le bénéfice net du groupe a cependant reculé de 31%, à 700 millions d'euros, plombé par des dépréciations liées à la cession des investissements restants dans les partenariats avec Mengniu, le géant chinois des produits laitiers.

"Ce n'est que le début" de la stratégie "Renew Danone" qui s'étend de 2022 à 2024, portée par M. de Saint-Affrique, arrivé à la tête du groupe en septembre.

Tous les pôles du groupe ont affiché une augmentation de leur chiffre d'affaires. La catégorie Eaux a progressé de 16,6% par rapport au premier semestre 2021, la catégorie Nutrition spécialisée (laits infantiles, Blédina, nutrition des personnes âgées...) a augmenté de 14,7% et les produits laitiers et d'origine végétale (EDP) de 10,2%.

Le groupe, qui communique ses résultats par grandes zones géographiques, souligne que ses ventes au premier semestre sont partout en progression : +16% en Amérique du Nord par rapport à la même période l'an dernier, +16,9% en Chine, Asie du Nord et Océanie et +16,2% dans le reste du monde. La zone Europe connaît une croissance plus modeste (+5,8%).

Hausses de prix

Pour couvrir la forte hausse des coûts de production et continuer à être rentable, "des hausses de prix ont été passées extrêmement vite lorsque cela a été possible", a expliqué le directeur général, même si elles sont "inégales".

"En Europe, dans certains pays, nous en sommes à notre troisième vague de hausses", a-t-il expliqué mais "dans certains cas, nous faisons face à des négociations musclées".

En France, par exemple, les négociations commerciales pour faire passer les hausses de prix des produits alimentaires auprès de la grande distribution sont en cours depuis le 18 mars et sont sources de vives tensions entre industriels et distributeurs.

En Russie, au Brésil, en Espagne et en Italie, les hausses ont été passées plus simplement, selon le groupe.

Face au contexte inflationniste, Danone continuera à augmenter ses prix, "là où nous pensons qu'il est important de protéger notre activité, mais nous le ferons aussi de manière à protéger notre compétitivité, car vous ne voulez pas vous priver du marché", a dit Antoine de Saint-Affrique.

"Il reste beaucoup à faire", a aussi tempéré le patron de Danone : "Cela commence par rendre notre portefeuille de marques plus compétitif, en s'adaptant à ce nouvel environnement, et en le préparant, plus qu'il ne l'est aujourd'hui, à un possible scénario de récession".

afp/rp